L’Edito
Cette semaine, c’est jour de fête
Avez-vous remarqué la multiplication des « journées », des « semaines », ou des « fêtes » consacrées à une cause ? Ce mois-ci, la liste est particulièrement fournie. Il y a les rendez-vous qui sont entrés dans les m?urs. Comme celui du 8 mars, la « journée internationale de la femme ». Dans presque toutes les villes, les associations multiplient débats, projections de films, expositions, pour évoquer, ici ou ailleurs, le long chemin qu’il reste à parcourir avant de parvenir à une réelle égalité sociale et culturelle entre les sexes. Le jour où Mme le Préfet trinquera avec Mmes les présidentes de la Région et des six Conseils généraux de Paca n’est pas encore arrivé. Pas sûr toutefois, à Avignon ou à Aix-en-Provence, qui ont pris une longueur d’avance en la matière, que cette perspective fasse toujours rêver…
Autre moment désormais bien institué : la « semaine nationale d’éducation contre le racisme », du 14 au 20, s’achevant en beauté par la « journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale », le 21. Il faudrait sans doute penser à renvoyer sur les bancs de l’école Dieudonné. Les marseillais et les niçois n’auront pas le choix d’assister ou de boycotter le spectacle de l’humoriste. Les salles ont préféré annuler les représentations suite à son dernier dérapage. Dieudonné est dans son droit – parfois même hilarant – lorsqu’il fustige le poids des religions et tous les intégrismes. Il peut, s’il le souhaite, condamner la politique colonialiste d’Israël et le soutien trop souvent inconditionnel que lui accordent les institutions communautaires juives. Mais sa tendance, paranoïaque, de voir dans ses malheurs et ceux du monde un complot sioniste porte un nom : antisémitisme. A juste titre un délit.
Pour se détendre, cela vous dit un atelier d’écriture à Avignon ? Un spectacle de rue à Aix-en-Provence ? Des lectures polyphoniques à Fuveau ? Autant d’initiatives organisées dans le cadre de la « dixième semaine de la langue française et de la francophonie », du 17 au 24. Va falloir que les nissarts, les mistraliens et autres défenseurs du provençal, de la langue d’Oc et du « païs » réagissent ! De leur côté, les élèves de la maternelle aux classes préparatoires auront le grand bonheur de participer, du 14 au 19, à la « 16ème semaine de la presse et des médias dans l’école ». Objectifs de l’opération : « les aider à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à forger leur identité de citoyen ». Les abonnements au Ravi vont certainement exploser à la hausse ! Mais qu’espérer, le 21, de « la journée internationale des forêts » ou , le 22, de la « journée mondiale de l’eau » ?
Je ne vous ennuierai pas en dissertant sur les enjeux – considérables – de la nouvelle édition de « la fête de l’Internet », du 20 au 27. Placée cette année sous le patronage d’Edgar Morin -les animateurs de la télé ne sont pas les seuls en effet à faire des « ménages » – elle est consacrée au thème « tissons les liens ». Tout un programme. Émerveillons nous plutôt ensemble à propos de la trop méconnue « journée nationale d’action pour l’interdiction de l’irradiation des aliments » du 5 mars. Superbe intitulé. La Confédération paysanne, Attac, le réseau Sortir du nucléaire, et une dizaine d’associations, veulent ainsi alerter l’opinion sur un nouveau procédé industriel qui prolonge la durée de vie des légumes et autres denrées périssables. Après les vaches et les poulets, voici venu le temps des carottes folles ?
Toutes ces journées et semaines, ce n’est pas tous les jours la fête ! Vivement, pour nous remettre, la fin de l’hiver ! Cela tombe bien, nous y voilà… La preuve : sans plus attendre, du 4 au 13 mars, il est déjà l’heure de participer à la 7ème édition du « Printemps des poètes ».
Le Ravi
Prochain numéro en kiosque dès le premier vendredi du mois, le 1er avril