L’art du recyclage
Avril débute une fois de plus par la semaine du « développement durable ». Ce qui est bien avec cette expression, c’est qu’elle embrasse tellement large qu’elle finit par ne plus rien vouloir dire. Même le très gentil Nicolas Hulot – dont la fondation est parrainée par TF1 (le bétonneur Bouygues), L’Oréal (parce qu’il le vaut bien), EDF (des hommes qui relient le nucléaire aux hommes) – reproche à la formule son goût de « camomille mielleuse ». La liste des parrains officiels de la semaine « durable » vaut aussi le détour : Carrefour (le paradis où les caissières encaissent le travail précaire), Orange (l’opérateur amis des fleurs des champs et des antennes relais), Paru Vendu (le journal du groupe Hersant qui emballe gratuitement le poisson)…
Il s’en passe des choses en Paca pendant la semaine du développement durable ! Près de 200 initiatives. Retenons de façon arbitraire l’exposition « l’art du recyclage » à Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes. L’idée est de présenter des ?uvres réalisées à partir de matériaux récupérés ou de déchets. Une activité relayée toute l’année par différentes associations comme le Recyclodrome à Marseille. Leur objectif : « agir contre le gaspillage par le réemploi ».
Suivons donc leur exemple en mettant en ?uvre des ateliers pratiques. Dans les laboratoires de recherche des facultés : dissoudre dans l’acide les différents décrets et projets de lois de Valérie Pécresse afin d’en évaluer l’essence philosophique. Au Pôle emploi : lancer des concours de haïkus, petits poèmes courts à la mode japonaise, rédigés sur les tickets distribués dans les files d’attentes. Dans les rayons des hypermarchés : sortir tous les produits de leurs emballages inutiles puis réaliser sur place de jolies sculptures en papier mâché. La liste n’est pas exhaustive. Pour finir, mettons-nous en position du lotus et méditons ensemble ce précepte de Lao-Tseu sur le recyclage : « accepter toutes les immondices du royaume, c’est être le seigneur du sol et des récoltes ».
le Ravi