L’Amu, toujours l’Amu !
Au rayon gros chiffres ronflants, la future université regroupant les 3 facs d’Aix et de Marseille (1) se pose là : 1ère de France, dans les 10 premières européennes, dans les 70 premières mondiales avec plus de 70 000 étudiants, 4 500 enseignants et chercheurs, 5 500 personnels administratifs et scientifiques, 150 laboratoires de recherche. Quitte à en faire un peu trop, on nous prédit pour 2020 « l’édification d’une capitale du savoir du Sud de l’Europe ».
La création de l’université unique a été inscrite dans le cadre national de « l’opération campus ». Un regroupement disciplinaire et de services administratifs, doublé d’un programme de réhabilitations concernant à Aix le quartier des facs et à Marseille le site de Luminy. Mais les trois facultés estiment que ce « label campus » bénéficiera à l’ensemble de la future université. D’abord recalé, le projet d’Aix-Marseille a finalement été retenu en 2009. Le coût : 1 120 millions d’Euros, dont 154 millions d’Euros au titre du contrat de projets Etat-région, et 966 millions d’Euros au titre de l’opération campus (589 millions d’Euros amenés par l’Etat, 377 millions d’Euros par les collectivités et autres partenaires).
Reste maintenant à fusionner. Le projet a été officiellement décidé en 2007, acté en 2008, avec en vue la rentrée 2009, puis 2010, et maintenant 2012. Car outre le premier échec de la candidature à l’opération campus, d’autres pépins sont survenus. Marqué à droite (il participe par exemple à diverses conventions UMP), Yvon Berland, l’influent président de l’université de la Méditerranée, met en avant les grèves de cette année. Quelques AG ont effectivement voté des plateformes s’opposant notamment à la fusion des universités. Mais chez les syndicats étudiants, ni l’Uni ni l’Unef ne la contestent.
« Je serai très clair : ne pas faire du canada dry »
Pas très solidaire de ses petits camarades présidents d’université, Marc Pena et Jean-Paul Caverni, avec lesquels il dirige le Pres (2), Yvon Berlan estime que les retards sont également dus au fait que, contrairement à sa fac, les deux autres n’ont pas accédé à l’autonomie (Paul-Cézanne en janvier 2010, l’Université de Provence est en attente). « Je souhaite l’engagement des deux autres universités dans le cadre de la fusion, et là je serai très clair sur la demande d’exercer au maximum de leurs possibilités les RCE [responsabilités et compétences élargies] et ne pas faire du Canada Dry. » (www.provenceducation.com, 08/07/2009).
Qui présidera la future université ? Berland et son CV à rallonge semble donc se positionner. Contrairement aux autres, il en est à son deuxième mandat. Il est bardé de distinctions. Caverni (université de Provence), en 2008 dans La Provence, feignait le désintérêt : « Ce sera peut-être l’un d’entre nous trois, peut-être moi, ce n’est pas exclu, peut-être aussi aucun de nous trois. » Question subsidiaire : où sera installé le siège ? Dès la genèse du projet, Maryse Joissains avait fait savoir qu’elle en voulait un bout à Aix. Suspense. T’inquiète Maryse, siège ou pas siège, Aix-en-Provence restera toujours « Sexe en Vacances », comme l’ont si bien rebaptisée des étudiants US. Avec une université dite « unique », ça risque pas de s’arranger…
Antoine Pateffoz