Jean-Pierre Saez & consorts
Cruel dilemme ce mois-ci pour élire le « ravi de plâtre ». L’heureux gagnant c’est Jean-Pierre Saez, le maire UMP de Venelles (13). Mais cela aurait aussi bien pu être Jacques Bompard, le maire MPF, ex-FN, d’Orange (83). Tous deux ont été les premiers à dégainer leur Taser. Le gouvernement vient d’autoriser, par décret, les polices municipales à s’équiper avec ces pistolets qui envoient une décharge de 50 000 volts. « Je l’ai essayé sur moi-même. J’ai soixante ans et je suis toujours vivant ! », s’enthousiasme Jean-Pierre Saez (20 minutes, 10/09). En Paca, les élus amateurs d’électrocution publique ne manquent pas. Bien entendu, Christian Estrosi, l’omni-président des Alpes-Maritimes, a exprimé son souhait de doter ses pandores niçois de l’arme à « impulsion électrique » : « La première des libertés, c’est la sécurité ! » (Nice Premium, 17/09). Sur la Côte d’Azur, Cagnes, le Cannet et Mandelieu, villes dirigées par trois édiles UMP, envisagent de recourir au Taser. Dans le Var, Georges Ginesta, député-maire UMP de Saint-Raphaël, persuadé « qu’une graduation dans la riposte est la meilleure façon d’éliminer la délinquance », est prêt à pousser le voltage. Tout comme Mario Sanchez, l’adjoint délégué à la sécurité (UMP) de Draguignan. Son argument : « Quand on se trouve en face d’un groupe armé de bâtons, il est quand même préférable de sortir son Taser qu’un 9 mm. » (Var Matin, 10/09) Dans les Bouches-du-Rhône, Jean-Pierre Saez se sent un peu seul. Heureusement, Jean-Claude Gaudin s’est dit « prêt à changer de position » (France Bleue Provence, 09/09). Jusqu’à présent, le sénateur-maire UMP avait toujours refusé d’armer la police municipale. Il a reçu le soutien inespéré d’un élu socialiste. Patrick Mennucci, alias Ségolin, maire du 1er secteur de Marseille, ne s’embarrasse pas d’état d’âme. « Sur le principe, je ne suis pas contre l’utilisation du Taser par la police municipale », a déclaré l’homme qui chuchotait jadis à l’oreille de Ségolène Royal (La Provence, 10/09). Une position plus prudente que celle de Raid-H. Le réseau d’alerte et d’information pour les droits de l’homme compare cette arme à « une nouvelle gégène ». Le fabricant de Taser attaque donc l’association devant la justice en réclamant 50 000 euros de dommages et intérêts. De quoi paralyser toute contestation.