Gaudin président ?
« Jean-Claude Gaudin a un devenir important au niveau national si Nicolas Sarkozy devient président de la République. Je le vois bien accéder aux plus grandes dignités de l’Etat, en présidant la Haute assemblée par exemple. » Alain Marleix a lancé cette prophétie dans les colonnes du Ravi en septembre 2006 (1). Secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux collectivités locales, il siège dans la commission des investitures de l’UMP où règne le maire de Marseille. Ira-t-il, ira-t-il pas ? Jean-Claude Gaudin (71 ans), entretient le suspens concernant sa candidature à la présidence du Sénat dont il est déjà le 1er vice-président.
A droite, assurée de décrocher le pompon, trois candidats se sont déjà déclarés pour remplacer le sortant, Christian Poncelet (80 ans) : Gérard Larchet (58 ans), sénateur des Yvelines, Jean-Pierre Raffarin (60 ans), sénateur de la Vienne et un outsider, Philippe Marini, sénateur de l’Oise (58 ans). En juillet, le maire de Marseille affirmait qu’il avait passé un accord avec Jean-Pierre Raffarin pour éviter entre eux une primaire. Hypothèse qu’il ne repoussait plus fin août : « En politique, quand on dit « jamais », ça veut dire « pas pour l’instant ». » (2)
Jean-Claude Gaudin affirme désormais qu’il prendra sa décision le 22 septembre, le lendemain du scrutin et deux jours avant les primaires que la droite va organiser pour départager ses prétendants. Il aurait contre lui deux handicaps : trop absent des joutes politiques nationales et trop âgé pour incarner un renouvellement. N°3 sur la liste UMP dans les Bouches-du-Rhône conduite par le maire de Marseille, Bruno Gilles croit très fort aux chances de son leader : « Jean-Claude Gaudin a le profil intellectuel et physique. C’est presque un benjamin par rapport au président sortant. Il joue un rôle politique très important depuis trente ans au niveau des investitures. Il a une connaissance géographique et politique du territoire français exceptionnelle. Même s’il ne s’est pas fait que des amis, beaucoup de gens lui doivent leur carrière. » Et l’élu marseillais, maire de secteur du 3ème arrondissement, de préciser gracieusement sa pensée : « Il connaît le nombre de fois où tous les sénateurs ont pissé sur les arbres de leur département. » Nul doute que le président de la République va tenter de pousser quelques pions en coulisses. Quel sera son candidat ? Nicolas Sarkozy pourrait craindre que Jean-Pierre Raffarin ou Gérard Larchet utilisent leur perchoir comme une tribune politique et lui conteste son hégémonie à la tête d’un Sénat qui s’est récemment montré frondeur. Dans cette hypothèse, l’avantage va à Gaudin, consensuel, fidèle, et sans ambitions nationales en dehors de la Haute assemblée…
« Je ne le vois pas président, assène Robert Bret, sénateur PCF sortant dans les Bouches-du-Rhône. Le Sénat aspire à un souffle de modernité si ce n’est de jeunesse. Jean-Claude Gaudin est un maire en fin de parcours et la droite connaît des résultats chaotiques dans le département. » Les résultats du scrutin pourraient faire pencher la décision de Jean-Claude Gaudin : si sa liste décroche quatre sénateurs ou plus, il candidate. « Sur le papier, nous sommes entre 3,8 et 4,2 », assure Bruno Gilles. Alors chacun serre les rangs. « Jean-Claude Gaudin est mon chef de file, l’homme d’expérience qu’il faut pour le Sénat », commente le bon soldat Sophie Joissains, n°2 de la liste UMP dans le « 13 ». « Gaudin, Raffarin, Larchet, c’est la même politique. Cela ne changerait rien pour Marseille », commente Samia Ghali, 4ème sur la liste PS. Pour la capitale provençale, quelle serait la conséquence si son maire devenait le deuxième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire de la République ? Elu, Jean-Claude Gaudin serait un peu moins présent dans une ville qui lui échappe depuis qu’il a perdu le contrôle au profit du PS de la communauté urbaine. Battu, son poids politique serait à nouveau affaibli. Alors que faire ?
Michel Gairaud