Fric Foot
L’OM champion de France ; Marseille et Nice sur les rangs pour accueillir l’Euro 2016 avec des stades flambant neufs ; la coupe du Monde en Afrique du Sud qui s’apprête à envahir une fois de plus tous les médias… Le foot brasse beaucoup de ferveur mais plus encore de gros-sous…
« Il y avait plus de monde pour fêter l’OM que pour la libération de Marseille en 1944 ». Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire de la ville victorieuse du Championnat de France de football, fait un constat juste. A-t-il pour autant raison de s’en réjouir ? D’accord, 60 000 personnes qui viennent célébrer la fin de 18 ans de frustration dans l’attente d’un titre, ce n’est pas rien. D’accord, la plupart d’entre elles ont été navrées que la journée se termine par un autodafé de livres (Cf reportage p14). Mais de là à conclure, comme l’a titré La Provence, que « quand l’Om est champion, c’est Marseille qui gagne » !
Et le quotidien régional d’expliciter sa pensée : « un titre en poche, c’est un trésor en poche ». Car quand on parle foot, il est souvent très vite question de fric. Nicolas Sarkozy a lui-même mis en avant l’argument économique lorsqu’il est allé défendre en personne la candidature française à l’Euro 2016 : « C’est une décision pour nous stratégique qui engage tout le pays face à la crise (…) Qu’est-ce qu’il y a de plus fort que le sport et, à l’intérieur du sport, qu’est-ce qu’il y a de plus fort que le football ? » Conséquence directe en Paca : l’accélération de la rénovation du stade Vélodrome, plus de 150 millions d’Euros, la construction de celui de Nice pour environ 200 millions d’Euros…
Dans notre région toujours, l’accession triomphale à l’élite de l’AC Arles-Avignon, l’équipe la moins fortunée de la Ligue 2, prouve que l’argent ne fait pas tout dans le foot. A l’autre bout de l’échelle, le ballon rond lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud, va procurer, une fois de plus, un bonheur planétaire. De quoi faire passer pour des rabat-joie ceux qui, comme nous, saturent devant les excès du foot business et de son matraquage médiatique… Mais comment justifier les 5 à 10 millions d’Euros que gagnent par année, sans compter leurs revenus extra-sportifs, les 50 footballeurs les mieux payés d’Europe ?
Avec l’ouverture en France du marché des paris en ligne – BetClic est le nouveau sponsor maillot de l’OM – l’omniprésence du fric dans le foot n’est pas prêt de s’arrêter. Et ses effets « secondaires » : transferts de fond dans des paradis fiscaux, criminalité financière, dévoiement de l’esprit du sport avec des stratégies de jeu désormais défensives que perdre un match est d’abord devenu un enjeu économique… Le foot fait pourtant école, même dans le monde du rugby, comme au RCT toulonnais, longtemps si fier de refuser les logiques « mercenaires ». Car le foot fédère, fascine, rapporte. Et les marchands l’ont, depuis longtemps, bien compris !