Des écolos pro-nucléaires… Ou presque !
Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima. Trois accidents majeurs n’auront pas eu raison de leur foi en l’atome. Impossible pour beaucoup, y compris pour certains écologistes militants, de remplacer une source d’énergie qui assure près de 80 % de nos besoins en électricité – même si, bien entendu, ils ne vont pas jusqu’à dénigrer le développement des énergies renouvelables. Impossible et pas forcément souhaitable. Jean Gonella, chercheur à l’université de Provence, mais aussi membre de la fédération environnementale FARE SUD, aime à dire qu’il n’existe pas d’énergie propre. Sans se revendiquer ouvertement pro-atome, il se montre très circonspect envers une sortie du nucléaire : « Pour quelle facture économique et environnementale ? Je suis prêt à payer cinq fois plus cher mon électricité, mais tout le monde ne peut en dire autant. On dit du Danemark qu’il est à la pointe de l’éolien mais la grande majorité de son électricité provient du charbon… »
L’argument favori des « pros », c’est le zéro rejet de CO2. Alors que la Terre fait face au défi du réchauffement climatique, le nucléaire pourrait éviter le cataclysme. En bref, quelques catastrophes valent mieux qu’une grosse, irréversible. À bientôt 90 ans et une carrière dévouée à l’ingénierie nucléaire, Jacques Gollion, représentant Sud-Est de l’association des écologistes pour le nucléaire (AEPN), estime qu’il faut tenter de minimiser les risques, mais « qu’ils restent l’apanage de l’industrie. Le charbon fait 10 000 morts par an dans les mines ». Tchernobyl et Fukushima ? De la gnognotte ? « Tchernobyl est le fait d’une chaîne de conneries humaines et pour Fukushima, les risques liés au tsunami ont clairement été sous-estimés mais personne n’est mort irradié », avance-t-il. Pas encore…
Fukushima aura eu un dommage collatéral avéré : le mea culpa de quelques membres de Génération écologie (dont la position sur le nucléaire n’est pas tranchée) comme Michel Villeneuve, porte-parole pour la région PACA : « J’étais pro-nucléaire, je pensais le risque maîtrisé. Fukushima m’a prouvé le contraire. » Il tacle la centrale du Tricastin pour ses évaluations trop faibles d’une montée du niveau du Rhône. Pourtant, selon lui, ITER reste « un projet qu’il faut soutenir, qui peut faire rêver l’humanité » et on peut continuer à développer à la fois les énergies renouvelables et le réacteur thermonucléaire, qui va coûter « seulement » le prix de trois porte-avions. « Il n’y a que le mot nucléaire qui rapproche le système classique de la fusion. ITER, c’est aucun risque d’explosion et beaucoup moins de déchets », embraye-t-il. Chassez le nucléaire, il revient au galop…
Clément Chassot