Crocs devant…
Ce 21 septembre, on « change » les sénateurs des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Hautes-Alpes, et des Bouches-du-Rhône. Soit 15 sièges à pourvoir (7 sortants UMP, 4 sortants socialistes, 1 PC, 1 UDF et 2 sièges supplémentaires en raison de l’évolution démographique). Les listes doivent être déposées le 12 septembre. Jusqu’à cette date, toutes les tractations sont ouvertes.
A gauche, l’union ne fait plus forcément recette. Hormis dans les Bouches-du-Rhône, PS et PC ne sont pas sûrs de partir côte à côte. « Il y a un vrai fossé d’incompréhension entre le PS et nous », résume pudiquement Emmanuelle Gaziello, candidate communiste dans les Alpes-Maritimes. Du coup, le PCF a annoncé sa volonté de partir en solo avant que le PS ne présente, fin août, sa propre liste conduite par Marc Daunis, le maire de Valbonne, l’un des très rares à avoir résisté dans le département au rouleau compresseur sarkozyste. « On ne désespère pas de convaincre les Verts et les communistes », affirme Paul Cuturello, n°3 sur la liste. La deuxième place, assure Patrick Allemand, 1er fédéral PS, est « offerte sans conditions » au PCF. En face, Jacques Peyrat, sénateur ex-UMP sortant non réinvesti, laisse planer la menace d’une liste. Dans le « 06 », l’UMP a fait le grand ménage en renvoyant à la maison de retraite l’ensemble de ses sortants. Le parti présidentiel espère faire un grand chelem.
Suivant une consigne nationale, les Verts présentent partout candidats et listes… sans chance d’aboutir. Le Modem renonce. « Il faut peser au moins 10 % du corps des grands électeurs pour jouer la partie », juge Jean-Luc Bennahmias. Dans les Hautes-Alpes, la surprise pourrait venir de l’inusable maire de Laragne-Montéglin, Auguste Truphème (76 ans), ex-président du Conseil général, ex-PRG investi par le PS. Il mène sa dernière campagne et souhaite « se faire entendre en haut lieu », ce qui pour un habitant du département ayant la préfecture la plus élevée de France (1 326m) ne devrait pas être trés difficile ! Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le sortant socialiste, Claude Domeizel (68 ans), tente de rempiler.
Dans les Bouches-du-Rhône s’opposent, par listes interposées qu’ils conduisent, les deux rivaux des dernières municipales à Marseille, Jean-Claude Gaudin et Jean-Noël Guérini. Le sénateur-maire UMP de Marseille, fragilisé par la razzia de la gauche sur la présidence de Marseille Provence Métropole (MPM), a augmenté les watts de sa visibilité sur le terrain : près de 82 visites aux élus et maires du département programmées entre le 21 août et le 21 septembre. « Les crocs sont de sortie, et les menaces aussi », avoue anonymement une personnalité locale. C’est que Jean-Claude Gaudin rêve d’une fin de carrière politique à la présidence de la Haute assemblée. « C’est la liste la plus facile à préparer que j’ai connue », a-t-il déclaré dans La Provence (le 10 juin). Et pour cause, il n’a quasiment pas eu son mot à dire ! Il a d’abord fallu transiger avec l’inénarrable Maryse Joissains, maire d’Aix-en-Provence, qui a imposé l’investiture de sa fille, Sophie, à la 2ème place. Il a fallu verser du miel sur l’amertume de Renaud Muselier, après sa déconvenue à MPM, et choisir son bras droit, Bruno Gilles à la 3ème place. Côté socialiste, en façade, c’est l’union sacrée autour du sénateur sortant et homme fort du département, Jean-Noël Guérini. Mais les frustrations sont réelles chez des personnalités – provisoirement ? – en disgrâce : la députée européenne Marie-Arlette Carlotti, le député Henri Jibrayel, le conseiller municipal Christophe Masse…
Autre déçu, Jean-François Picheral, sénateur sortant, exclu du PS suite à sa dissidence lors des municipales, porte un regard peu amène sur l’homme fort du département : « Guérini ne m’a même pas demandé si je souhaitais me représenter. J’ai été pourtant plus assidu que lui au Sénat. Je me retire de la vie politique dans les Bouches-du-Rhône. » Sur la liste d’union, le choix de la communiste Isabelle Pasquet à la 2ème place est contesté par les amis de Robert Bret, le sénateur communiste en froid avec son parti. Tout cela pourrait freiner la gauche locale pourtant confortée par le basculement de plusieurs communes aux municipales et son écrasante victoire aux cantonales. Mais si le PS emportait un ou deux sièges supplémentaires, Jean-Noël Guérini conforterait définitivement son assise locale pour 2014 et se positionnerait en faiseur de roi lors du congrès socialiste à Reims de novembre.
Rafi Hamal