Comme une envie de floraison
Qui l’eût cru ? Tenue d’une main de fer depuis 23 ans par l’inaltérable Ben Ali, la Tunisie semblait figée pour l’éternité. C’était sans compter sur l’usure des dictatures. Et sur la capacité de la jeunesse, même réduite à la misère et au désespoir, à renverser l’ordre établi. La révolution de jasmin a donc poussé le vieux despote à l’exil. Il y a une petite querelle sémantique : certains font remarquer que le jasmin pousse seulement dans les beaux quartiers tunisiens. La révolution de la figue de barbarie serait donc plus adaptée pour qualifier ce soulèvement populaire…
Voilà qui a donné, et donne encore des envies de floraison. Les papyrus ont fleuri en Egypte balayant l’inamovible Hosni Moubarak ! Rêvons un peu encore… Que fleurissent les cèdres de l’Atlas pour contrarier sa majesté Mohammed VI ! Que fleurissent les acacias du Hoggar façon de secouer Abdelaziz Bouteflika ! Que s’épanouissent les neuradas du Sahara pour balayer le sinistre Khadafi ! Le séisme politique sur l’autre rive de la Méditerranée renvoie inévitablement à notre immobilisme. A cette France si étriquée, si refermée, où près de 20 % des électeurs jugent possible de voter Marine Le Pen, tout juste intronisée par son père et ses troupes pour porter le flambeau de l’extrême droite.
Flower power ! Le pire n’est jamais sûr. La spirale qui pousse notre président, après chaque fait divers, à réclamer une nouvelle loi sécuritaire aura peut-être une fin. Loppsi 2, et son catalogue de mesures ubuesques pour interdire l’habitat alternatif, la vente à la sauvette, pour multiplier la vidéosurveillance, ne sera peut-être pas suivie par Loppsi 3. Et si mille et une idées nouvelles surgissaient au cours de la campagne des cantonales ? Et si les électeurs se mobilisaient en masse afin de transformer les Conseils généraux en assemblées ouvertes, participatives, populaires ? Et si on faisait la révolution du mimosa ?