Bonne année… fumeuse

janvier 2007
Bonne année… fumeuse

Mains sales. Des ennemis jurés qui décident de mettre de côté leurs vieilles haines : pareille réconciliation, en ces temps de v?ux de bonheur et de paix, devrait tous nous réjouir. Sauf que les deux oiseaux qui ont célébré leurs retrouvailles ressemblent plus à des rapaces qu’à de tendres tourtereaux. Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret ont fort opportunément mis en scène, quatre jours avant Noël, leur nouvelle « union patriotique ». Bien entendu, personne n’est dupe. Pour le président du Front national, Mégret reste toujours un « félon », un « naboléon », un « psychopathe ». Pour le président du groupusculaire MNR, Le Pen est encore ce « vieillard » qui se « sert du FN pour en retirer des avantages personnels en termes de finances et de notoriété ». Qu’importe ! Jean-Marie Le Pen a besoin des précieuses signatures que lui apporte le ralliement de Bruno Mégret pour les présidentielles. Et ce dernier, condamné pour détournement de fonds publics à Vitrolles, doit à tout prix éponger les dettes de son groupuscule. Ce qu’il espère faire grâce à un accord avec le FN lors des législatives. Tête haute, poignée de mains sales !

Cela ne va pas être possible. Ironie de l’Histoire, à l’autre bout de l’échiquier politique, l’émiettement triomphe. 2007 commence avec la gueule de bois pour ceux qui ont cru possible, dans la foulée de la victoire du « Non » au référendum sur la Constitution européenne, de fédérer les différents courants de la gauche « anti-libérale ». Premier acte. La LCR privilégie la logique d’appareil en quittant les collectifs, particulièrement nombreux dans la région, afin d’investir Olivier Besancenot. Pour se justifier, le parti trotskyste pose une exigence impossible à admettre pour le PCF : refuser toute alliance avec le PS. Deuxième acte. Le parti communiste refuse tout compromis en souhaitant imposer comme tête de liste, malgré l’absence de consensus, sa secrétaire nationale, Marie-George Buffet. Quitte à prendre le risque de renouveler la contre-performance d’un Robert Hue avec ses 3 % aux dernières présidentielles. Si on ajoute l’éternelle Arlette Laguiller, récitant une fois de plus son bréviaire inchangé depuis 1974, la messe de la division, à la gauche de la gauche, est dite.

La dialectique du bar-tabac. La multiplication des petits candidats, plusieurs dizaines de prétendants à ce jour, pourrait paradoxalement renforcer deux phénomènes : la bipolarisation, souhaitée ou redoutée, de la vie politique autour de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal et l’abstention, le premier parti de France… Mais rassurez-vous ! Contrairement aux instituts de sondages, nous n’avons pas la prétention de lire dans une boule de cristal. Les élections présidentielles, en avril, et les législatives, en juin, vont certainement réserver leur lot de surprises. Quant à ceux que la politique indispose ou rend nerveux, dépêchez-vous si vous êtes fumeurs d’aller griller une cigarette dans un bar ou un restaurant pour vous détendre. Nous entrons en effet dans la dernière année où c’est encore légal… le Ravi

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