Bernard Aubert, directeur de la Fiesta des Suds
« Jusqu’au petit jour on ira faire, la fiesta, la fiesta, On va danser, lever nos verres, la fiesta, la fiesta, ce soir on est les rois de la Terre, la fiesta, la fiesta, on finira la tête a l’envers… » Salut, moi c’est Bernard, le mec de la Fiesta, la Fiesta… Non, pas Patrick Sébastien, ce plagiaire ! La Fiesta des Suds, cet évènement mondial qui a largement contribué à faire naître la légende de la « movida » marseillaise. Eh oui, bien avant l’effet TGV et l’effet Izzo, il y a eu l’effet Fiesta ! La Fiesta, cette utopie vivante, cette diversité sociale, sans aucune barrière… Bon, on a fini quand même par mettre un carré VIP. Au début, c’était sympa, on a fait ça entre potes, mais maintenant, rançon de la gloire, on se croirait au Centre Bourse (1) un samedi après-midi. Au fait, je me suis inspiré d’Ikea pour créer un sens d’orientation entre tous les rayons, euh, pardon, entre tous les bars. Bref, je voulais dire les salles de spectacle. Grâce à ça, les gens découvrent d’autres cultures musicales. La musique y est enfin désacralisée, sortie de son ghetto. La preuve, le public qui est venu pour le concert de rap n’hésite pas à utiliser son portable en plein concert de flamenco, et vice-versa. Génial, non ? La Fiesta, c’est donc les musiques du Sud, car Marseille est une mosaïque de peuples du Sud. Depuis quelque temps, on a été obligés de programmer des gens comme Bashung ou Marianne Faithfull, parce que Marseille, c’est de plus en plus une mosaïque de gens du Nord. L’effet Fiesta… Ah, il en a fallu du temps pour qu’on se pose au Dock des Suds. Avant, j’étais bien pote avec Jean-Jacques Anglade, le maire PS de Vitrolles, un gars qui avait de l’ambition culturelle (2), mais on s’est vite cassé quand ça a commencé à sentir le moisi. Le Dock, c’est grâce à Brassart, le patron du Port Autonome qu’on l’a. Proche des socialos, il en a même marié une. Ah, Les socialos ! Bénédiction et malédiction ! C’est sûr qu’ils ont assuré mon avenir, à coups de subventions. Mais bonjour le fil à la patte. J’ai plusieurs fois tenté de diversifier mes financements, mais je me suis fait systématiquement sonner les cloches… Bon, j’ai réussi tout de même à développer les partenariats privés. Avec Ricard, notamment. Ricard, ils te filent pas beaucoup de fric pour avoir leur nom partout, mais en revanche, qu’est-ce qu’ils en balancent, des caisses de pastaga ! Alors toi, tu fais payer 3 euros le jaune de 2 cl, ça fait 150 euros cash, pour une bouteille que tu as eue à l’?il… Reste quand même à ta charge l’eau et les glaçons. Sinon, le Dock, ça commence à bien faire. Mon rêve c’est une grande surface bien propre sur elle, pas un truc miteux genre salle de bains avec des fuites. « Programmer les musiques du monde dans des lieux aseptisés, c’est manger une bouillabaisse lyophilisée dans une salle de bains, le mets est le même mais il a perdu son âme ! » (3) Tandis qu’une bouillabaisse lyophilisée avec vue sur la mer, comme on en mange de plus en plus à Marseille, c’est autre chose. Donc je lorgne le Silo (4), enfin une salle à ma dimension. Ça fait un moment que je fais les yeux doux à la bande à Gaudin, que je prête le Dock pour les 2600 ans de Marseille (5), que je les vois en tête-à-tête. Gaudin, ça lui dirait bien, comme vitrine, la Fiesta, la Fiesta… Seulement, ça n’a pas plu du tout à Guérini (6), mais alors pas du tout ! Putain, la crise de jalousie qu’il m’a fait, Jean-Nono ! Il a fallu filer droit après ça ! Adieu, Silo de mes amours… Donc, je reste toujours collé au CG et au Dock pour l’instant. J’ai bien essayé aussi du côté de Vauzelle, avec les Cafés Méditerranéens, mais ils ne sont pas trop contents du retour, à la Région. Faut dire qu’ils s’attendaient à un truc comme la Fiesta, que même TF1 en parle, quoi. Bref, aujourd’hui, c’est CG 13, treizième édition… Ici, on dit que 13, ça porte bonheur. Mais à la pétanque, on dit aussi « 13 reste raide ». Les boules ! Tiens, histoire de mettre un peu d’ambiance au Dock cette année, je vais proposer un stand aux petits gars du Ravi. Ça me rappellera ma jeunesse.
Paul Tergaiste