Allauch au fond du trou
Une entrée fracassante. La ville d’Allauch (13) figure pour la première fois dans le palmarès annuel du Ravi et en truste directement la première place. Ses piètres résultats dans toutes les catégories, sauf en « Egalité », l’expliquent facilement. D’abord, il y a cette longévité du maire PS en place, Roland Povinelli (1) : indéboulonnable depuis 1975 (record du palmarès), celui qui est aussi sénateur a su agréger une partie de la droite dans son équipe municipale et s’assurer une assise sans pareille.
Allauch, frontalière de Marseille, est une « ville-dortoir », confirme Paulette Dadoit, une opposante communiste. Et comme le montre l’un de nos indicateurs, 80 % des actifs utilisent leur voiture pour aller travailler. « Nous manquons de transports publics en site propre, la commune est très étendue et le réseau interne ne peut en couvrir tous les recoins », explique l’élue. Avec une communauté urbaine en retard sur les transports entre ses différentes communes, les embouteillages aux heures de pointe demeurent l’un des plus gros désagréments de cette ville.
Entre soi
Proche de la zone commerciale de la Valentine, Allauch possède également très peu de commerces de proximité (encore bonne dernière sur les 40 villes testées). « Comme la ville est étendue, il faut prendre la voiture pour aller acheter du pain, poursuit l’opposante. Et il n’y a souvent rien pour se garer, les gens préfèrent aller dans une zone commerciale… » Autre point noir, et non des moindres, le très faible taux de logements sociaux : 3,1 % en 2010 (2), contre le minimum de 20 % exigé par la loi SRU… L’un des taux les plus faibles de la région encore une fois. Avec quelles conséquences ? « Aucune diversité, assure un fidèle abonné au Ravi qui tient à rester anonyme. Allauch, c’est classe moyenne blanche. Moi qui viens de Marseille, c’est assez choquant mais le pire c’est pour nos enfants, ils grandissent entre eux. »
Ce qui fait dire à Paulette Dadoit que les critères choisis par le Ravi qui stigmatisent la ville sont finalement inversement « pour une partie de la population, des raisons de s’y installer : pas d’aire d’accueil des gens du voyage, une « vidéoprotection » qui rassure, peu de logements HLM, donc pas de « racaille » d’origine étrangère… » Enfin, fait gravissime, aucun boulodrome sur la commune, à part un seul, qui est privé… Allauch est tout de même bien classée dans la catégorie « Egalité » : de faibles inégalités de revenus, une très grosse proportion de médecins en secteur 1, pas d’écoles privées et des bureaux de poste en nombre. « C’est une ville qui fonctionne, elle est propre, avec des services publics, de bonnes infrastructures scolaires ou sportives… », tempère tout de même notre abonné anonyme.
En altitude
En analysant les résultats de ce palmarès, d’autres villes ressortent. Comme Six-Fours-les-Plages (83), évaluée aussi pour la première fois cette année, et qui se classe en 4ème position. Si elle est bien positionnée en « Egalité », c’est une catastrophe en « Choucroute ». Aucun étudiant, une prise importante d’antidépresseurs, très peu de librairies, seulement un abonné au Ravi et pas de skatepark ni de boulodrome… Six-Fours, une ville où on s’emmerde ? « Il ne se passe rien ici, assure Erik Tamburi, virulent opposant UDI au maire… UMP, Jean-Sébastien Vialatte. Tout le budget culturel est absorbé par le festival du Gaou (370 000 euros de subventions, NDLR). Après, plus rien. » Par rapport au très faible taux de logements sociaux, 4,7 % (2), Erik Tamburi explique que la ville ne rattrapera pas son retard puisqu’elle ne crée pas de programmes de logements sociaux spécifiques, mais en construit sur des opérations plus larges, à hauteur de 20 ou 30 %. « On a élu un maire qui est devenu bétonneur », déplore celui qui a découvert que le maire était lui-même enregistré au tribunal de commerce de Toulon en tant que promoteur immobilier depuis 2011…
A l’opposé du classement, des bons points sont à distribuer, comme toujours aux villes des Alpes, comme Briançon (05), la ville la moins à fuir : pas de caméras de vidéosurveillance, un faible vote FN, une vitalité des petits commerces dans des territoires relativement épargnés par les zones commerciales… Un bémol tout de même, l’absence d’une aire d’accueil des gens du voyage « qui devrait voir le jour d’ici 2015, explique Aurélie Poyau, ancienne première adjointe au maire PS, Gérard Fromm, et pas mécontente du verdict du Ravi. Le terrain est en zone inondable et des études sont actuellement menées. Mais nous accueillons quand même l’été les gens du voyage sur un stade. Ce n’est pas suffisant mais nous ne leur demandons pas de partir… » Et en intersaison, Briançon, ce n’est pas triste quand même ? « Non, nous avons la chance d’avoir un patrimoine très riche, une vie culturelle importante avec un théâtre bientôt scène nationale, de nombreuses possibilités de faire du sport… », répond-elle. Bref pour trouver une ville où il fait bon vivre en Paca, il faut se rapprocher de la région Rhône-Alpes !
Clément Chassot
1. Après plusieurs sollicitations, il n’a pas souhaité s’exprimer. 2. Source INSEE 2010 (base SIRSE PACA)