Aix-Metropolis-Provence
Un drame expressionniste
La superproduction politico-territoriale de la métropole Aix-Marseille-Provence va-t-elle tourner au drame expressionniste ? L’élection de Jean-Claude Gaudin à la présidence de la nouvelle institution, qui va fédérer 1,8 millions d’habitants, a plutôt pris des airs de mauvaise pagnolade. Alors qu’ils détiennent la grande majorité des mairies et des communautés de communes, urbaines ou d’agglomération, les Républicains ont affiché avec véhémence leurs divisions.
La métropole pourrait pourtant ouvrir des perspectives : celle d’un territoire mutualisant enfin ses ressources, partageant les richesses, additionnant les volontés, jouant les synergies plutôt que la concurrence, l’indifférence ou l’hostilité. Les frontières administratives ne correspondent plus, depuis longtemps, à la réalité d’un bassin de vie où les habitants multiplient les échanges.
Certes AMP suscite à juste titre de nombreuses réserves. Pensée d’en haut, elle a clairement été conçue plus pour optimiser la productivité économique d’un territoire que pour favoriser le mieux vivre et la participation démocratique. Mais le statu quo réclamé, vent debout, par toutes les baronnies politiques locales a un visage bien connu : le tout-bagnole et ses bouchons, l’urbanisation sauvage, la ségrégation sociale entre territoires, le clientélisme politique. Et si on faisait de notre « Metropolis » provençale, machin technocratique désincarné, une utopie mobilisatrice ?
Michel Gairaud