12 euros pour remplir sa piscine
D’après une récente enquête TNS Sofres, 4 Français sur 10 rêvent d’avoir une piscine chez eux (1). « En Paca, ce serait plutôt du 80 %, remarque Christophe Guibert, agent immobilier indépendant. Enfin ceux qui habitent une maison individuelle, évidemment. » Longtemps réservée aux riches de la côte d’Azur, la piscine privée s’est largement démocratisée au cours des 20 dernières années grâce au développement de techniques qui ont fait baisser les prix. « La piscine traditionnelle, c’est un bassin en béton habillé de carrelage, explique José Gardosa, entrepreneur dans le Var. Dans les années 80 est arrivée la coque en polyester qui a fait baisser le coût de l’installation en assurant l’étanchéité. » Depuis 10 ans, s’est développée la piscine hors-sol, qui fait encore baisser le prix puisqu’elle ne nécessite pas de creuser une cavité. Certaines sont même livrées en kit à installer soi-même.
« La course à l’innovation est le résultat d’un marché extrêmement concurrentiel dans la région, souligne Aline le Baron, responsable du site piscine-pro.com, installé à Lourmarin (84). Sur notre annuaire professionnel, nous comptons plus de 100 fabricants et près de 500 constructeurs en Paca ! » Car avec 24 % du parc national, Provence-Alpes-Côte d’Azur est la première région pour les piscines privées. Et le marché traverse la crise comme Alain Bernard un bassin olympique : à l’aise avec une croissance annuelle de 6,5 %.
« Un produit qui s’est développé en ville »
Avec des prix qui peuvent descendre jusqu’à 1000 euros pour un équipement hors-sol, tout le monde, ou presque, veut sa piscine. « Mais attention, on est passés d’un bassin de 10 mètres sur 4 à des surfaces de 4 m2 qui n’ont d’autres fonctions que celle de se rafraîchir ou de servir de pataugeoire aux enfants, affirme José Gardosa. C’est un produit qui s’est développé très fortement en ville, alors que la coque a gagné les zones pavillonnaires… »
La différence entre la ville et la zone périurbaine ne se situe pas seulement dans l’espace. Le prix de l’eau est une donnée déterminante. Dans les villes, l’eau qui arrive est rendue potable. Elle est facturée entre 3,9 euros par m3 à Carpentras et 1,8 euro à Martigues (cf. notre tableau comparatif page 7). Le canal de Provence, qui récupère les eaux du Verdon et de la Durance pour irriguer toute la région (hors Alpes-Maritimes) propose un tarif de 0,14 euro le m3. « Attention, c’est le premier prix, celui qui concerne l’eau destinée à l’arrosage, précise-t-on au Canal de Provence. Son coût peut monter à 0,35 euro le m3. Et le raccordement peut être très élevé en fonction de la distance de la maison par rapport à notre réseau. »
Pour autant, remplir une grande piscine (60 m3) à ce tarif-là ne représente qu’un montant de… 12 euros ! « C’est vrai que c’est un tarif attractif, concède-t-on au Canal de Provence. Mais le fait est que nous ne souffrons pas de pénurie d’eau dans la région. Pendant les périodes de grandes sécheresses entre 2003 et 2007, en plein été, nous avions encore 50 % de nos réserves en stock d’eau ! »
Stéphane Sarpaux
Vendredi 22 mars à Marseille, ciné-débat sur la gestion de l’eau (et son gaspillage !) à Marseille avec Sébastien Boistel, journaliste au Ravi. Maison pour tous de la Belle de Mai, 19H30. Toutes, les infos, c’est ici.