Patrons voyous
1. François Mariani, justiciable
Être patron des patrons a quelques avantages. Cousin de Thierry Mariani, l’ex-ministre UMP de Nicolas Sarkozy et tout nouveau député européen RN, François en profite à plein : depuis 2011, l’ancien président du Medef et de la CCI du Vaucluse est dans le viseur de la justice, mais toujours pas inquiété. Pourtant il y aurait de quoi : l’entrepreneur multicartes est soupçonné d’abus de biens sociaux, de travail dissimulé, de faux bilan ou encore de harcèlement moral dans la gestion d’un 4 étoiles mais aussi d’avoir régalé aux frais de la CCI les conjoints des invités aux colloques organisés par la chambre consulaire. N’en jetez plus !
2. Alex Barbero, bétonneur
Rares sont les multinationales du BTP ayant eu les honneurs de la Chambre régionale des comptes. RBTP fait donc exception. Depuis 2010, l’entreprise installée à Saint-Raphaël (83) et propriété d’Alex Barbero est citée dans pas moins de trois rapports de gestion : Puget-sur-Argens en 2016, Saint-Raphaël et la communauté d’agglomération locale, son territoire de chasse, en 2018. Avec à chaque fois des remarques désobligeantes pour le bétonneur : captation de plus de 50 % des marchés de travaux, soupçons de prix anormalement bas, d’entente avec la concurrence, libéralités avec les termes des marchés… Un vrai catalogue de mauvaises pratiques !
Que ce soit sur une aire d’autoroute, à la cantine de votre entreprise ou à celle d’une prison, le patron d’Elior est là. Né d’Hyères (83), Philippe Guillemot ne fait pourtant pas figure de débutant. Passé par Michelin, Areva et Alcatel, il traîne une réputation de « redresseur », qu’il a mis immédiatement au profit du géant de la restauration collective à sa nomination fin 2017 : il rabote sur la filiale chargée des prestations de nettoyage, il réclame 2,8 millions d’euros d’avantages salariaux à 183 employés ou oublie de payer des heures aux femmes de ménage d’un 4 étoiles de Marseille, depuis en lutte. Signe que ça paie : Philippe a reçu la médaille de l’ordre national du mérite pour, ça ne s’invente pas, « solidarités actives contre la pauvreté »…
4. Frédéric Pons, oups !
Frédéric Pons, c’est le patron du futur ! En 2018, le co-PDG de Hopps Group, spécialiste de l’e-logistique et du courrier installé à Aix-en-Provence (13), a lancé « Job Hopps », une application mobile révolutionnaire. Grâce à elle, ses salariés mal payés et à temps partiel peuvent se trouver « un deuxième emploi à temps partiel et en CDI, près de chez soi ou de son lieu de travail », promet le site Internet de l’application. En résumé, un deuxième boulot tout aussi pourri et tout aussi mal payé à lire la liste des partenaires de Hopps : Burger King, Domino’s Pizza, Autogrill, Onet, etc. Le rêve américain…
L’Occitane en Provence, les épiceries Bremond 1830, la Confiserie Leblanc, Le Petit Marseillais et les calissons Le Roy René, toutes ces marques qui fleurent bon la garrigue et les cigales, c’est lui : Olivier Baussan, 66 ans. Ecolo revendiqué, il a tendance à glorifier ses débuts sur les marchés de Forcalquier il y a 40 ans, mais ça passe : la sous-préfète du 04 a accéléré les procédures d’installation de son usine dans les entrepôts de la librairie de Banon et le « très craint des Alpes » Christophe Castaner, alors député-maire PS de la ville, a remis la médaille du mérite agricole à sa directrice marketing. Chez L’Occitane, le « commerce équitable » est pourtant plus que douteux. Mais ce qui l’est encore plus, c’est l’envoi des bénéfices de ce fleuron régional vers le Luxembourg, siège du groupe depuis 2009. Pas très provençal dans l’esprit…
Mais aussi : Yvon Berland (Aix-Marseille-Université), Guillaume Faury (Airbus Helicopters), Marc Pietri (Constructa), Jean-Luc Chauvin (CCI Paca), Pierre Bellon (Sodexo), la famille Reinier (Onet), Magali Devalle (Groupe Pizzorno)…