Farce attaque
Pied de nez aux confinements et autre couvre-feu, Chantal Ben Zekri n’a toujours pas fait faillite. Sa force ? Ce sont les trente-cinq années de bons et loyaux services de sa petite boutique de farce et attrape au centre de Marseille, 167 boulevard Chave. « Polichinelle est considérée comme une institution, confie la propriétaire et l’unique vendeuse du magasin. Les personnes prennent le temps de venir plutôt que d’aller sur internet. Je suis ouverte depuis 1986 donc, malgré la crise sanitaire, cela a été moins difficile pour moi de tenir car j’avais des fonds personnels. »
Cependant, tout n’est toujours pas aussi rose ni brillant comme les costumes de princesse exposés en vitrine. « Pour le nouvel an on a fait zéro vente, c’était une catastrophe, raconte Chantal. D’habitude je loue entre 50 et 100 déguisements et je ne ferme pas avant 20 heures. Là, on n’a ouvert que le matin. Mais, je reste motivée. Client ou pas client, je change mes vitrines tous les mois. »
Ce sont les anniversaires qui font tourner la boutique. « On continue à vendre des petits accessoires pour ces occasions. » Chapeaux, serre-têtes de licorne, de chat, confettis… : même pour seulement quatre ou six personnes, les commandes sont encore au rendez-vous. Sauf pour les locations de costume toujours à l’arrêt.
« Les gens ne sont pas du tout déprimés, assure Chantal. Ils sont démoralisés par la situation actuelle mais ils se projettent vraiment dans la fête. » Les habitués continuent à faire du repérage. « Tous les jours en passant, ils me disent : dès que c’est fini, on viendra acheter une perruque, un déguisement. Énormément de personnes me disent que quand la crise sera terminée, leur premier souhait sera de boire un coup tranquille sur une terrasse, manger au restaurant et s’amuser. »
La foule qui s’est rassemblée à Marseille pour la 21ème édition du carnaval indépendant de la Plaine, sans se soucier des gestes barrières, a prouvé spectaculairement le besoin irrépressible de faire la fête ! « J’ai eu six personnes qui y allaient et qui ont acheté quelques colliers tahitiens », reconnaît rapidement Chantal, sans s’attarder sur un sujet devenu très polémique. Résolument optimiste, elle anticipe déjà le retour des jours heureux. Elle envisage même de faire appel à du personnel : « Je sais que quand ça se terminera, nous ferons partie des premiers, on sera envahi ! »