Martigues : la Semivim à nouveau au menu ?
Une fois de plus, le dossier de la Semivim, l’organisme HLM de la ville de Martigues, devrait s’inviter au conseil municipal prévu vendredi 29 avril, bien que, d’un point de vue formel, aucune délibération ne lui soit consacré. Ce qui, en soi, en surprend plus d’un. Car le nombre d’élus sur lequel peut s’appuyer le maire PC Gaby Charroux continue de rétrécir, avec début avril la démission de l’essentiel de la « minorité au sein de la majorité », en clair, les trois élus EELV Blandine Guichané, Olivier Mauruc et Stéphane Delahaye ainsi que l’ex-LFI Patrick Courtin (cf notre précédent article).
Des démissions qui, comme les élus l’ont clairement exprimé, font suite aux perquisitions fin mars et à la garde à vue de la directrice de la Semivim (et ancienne directrice du cabinet du maire) Corinne Dupont et de deux élus de la majorité, l’adjointe au logement Linda Bouchicha et l’adjoint de quartier (et agent immobilier) Mehdi Khouani. Avec, pour ce dernier et la directrice de la Semivim, mise en examen pour « favoritisme » avec « contrôle judiciaire ».
Adjoint empêché
Une ordonnance judiciaire, qui est tombée dans les bras du Ravi, précise les faits qui leur sont reprochés. En l’occurrence d’avoir « procuré un avantage injustifié, en l’espèce notamment en faisant modifier, en particulier lors de la commission d’appel d’offres du 27 janvier 2021, en faveur des sociétés Omnium façades et Puzzle Construction, le classement des offres sur les lots n°1 (façades et isolation) et n°2 (logements et parties communes) du marché public de travaux portant sur la réhabilitation de la résidence Paradis St-Roch », 434 logements appartenant au parc de la Semivim.
Le document a ceci d’intéressant qu’il pointe nommément les personnes visées par l’enquête. Au-delà de la directrice du patrimoine de la Semivim Patricia Baptiste et de son compagnon Adel Baha, tous deux incarcérés, il s’agit d’une dizaine d’entrepreneurs, la plupart faisant dans le BTP. Outre l’ancien du FC Martigues Alexandre Coulot et trésorier de l’ancienne association de Baha (Martigues Equilibre), patron, entre autres, de Jumpy Kids, on trouve Thierry Dimitriadis (Puzzle Construction), Régis Deutschmann (Omnium) ainsi que Gregory Franchi (et sa boîte éponyme qui fait dans le chauffage, la plomberie…), Gurkan Aydinkaya (RSK Construction), Kenan Avinc (Construction Paca). Il n’y a que Chahid Oukhouya, qui lui, semble faire dans le commerce sur catalogue mais aussi dans la com’…
Des personnes que Corinne Dupont et Mehdi Khouani ont interdiction de « rencontrer » ou « recevoir ». Interdiction qui s’étend également aux salariés de la Semivim mais aussi à plusieurs élus, dont le maire lui-même. L’ordonnance de placement sous contrôle judiciaire leur interdit également de se rendre dans les locaux de la Semivim et de s’y livrer à « toute activité professionnelle ou sociale ».
Législatives en ligne de mire
D’après nos informations, il semblerait que Linda Bouchicha, qui n’avait pu être déferrée « pour raison médicale » comme l’avait précisé le parquet de Marseille, devrait prochainement être entendue. De quoi alimenter les débats lors du conseil, l’opposition comptant bien interpeler sur le sujet un maire qui semble avoir du mal à trouver des volontaires pour remplacer les élus démissionnaires. Et certains de s’interroger sur les multiples casquettes, par exemple, d’une élue comme Chantal Habastida, administratrice à la Semivim, trésorière du petit club de foot AS Martigues Sud et ancienne du Berim, un bureau d’études bien connu au sein des municipalités communistes. En 2020, le 1er adjoint la présentait comme celle qui allait l’épauler « pour la commande publique » .
L’affaire, qui continue d’agiter la Venise provençale, pourrait aussi « parasiter » le début de campagne du député PCF Pierre Dharréville, qui, s’il appelle, avec Gaby Charroux (qui est encore son suppléant), à une « union populaire » n’a pas caché sa volonté de briguer un nouveau mandat. Or, d’aucuns n’auront pas manqué de noter que, s’il est resté silencieux sur la Semivim, c’est un dossier qu’il devrait plutôt bien connaître. Outre le fait qu’il est élu martégal, parmi ses attachés parlementaires, on trouve Nathalie Lefebvre, adjointe à Martigues (en charge, notamment de l’Habitat) mais aussi administratrice à la Semivim. Une personne qui fait partie de celles que Mehdi Khouani et Corinne Dupont ont interdiction de rencontrer et recevoir.
Sollicitée, la ville de Martigues n’a pas apporter de réponses aux demandes du Ravi.