50 nuances de cambouis
Pas facile de circuler à vélo dans la cité phocéenne. Mais pas simple non plus de s’y retrouver quand on a le pneu à plat, la chaîne qui déraille ou les vitesses qui sautent. Non qu’il manque d’ateliers de réparation. Au contraire : Marseille dispose vraiment de toute la panoplie !
Pour y voir plus clair, direction la Plaine, à la rencontre de « Docteur Youcef », l’un des pionniers en la matière avec son atelier itinérant Allô Mécano Vélo. Cet ancien de l’association Vélo en ville (il y a œuvré près de dix ans !) en connaît un rayon et parvient sans difficulté à nous aider à nous y retrouver.
D’abord, les « ateliers participatifs » où le principe, c’est, sous la houlette de bénévoles, de réparer soi-même sa monture. A Marseille, on trouve donc l’incontournable Vélo en ville mais aussi Vélo Sapiens, l’atelier de cette figure emblématique qu’est Robert. Le petit dernier, dixit Youcef, c’est Vélocène, l’atelier de réparation lié à La Base, un lieu qui regroupe nombre d’associations écolo.
Il existe une différence de degrés quant à la dimension participative d’un lieu à l’autre, mais tous s’inscrivent clairement dans le « DIY » (do it yourself). Voilà pourquoi des ateliers de réparation existent également dans les squats, comme celui installé boulevard de la Libération, à quelques coups de pédale de la Canebière. Avec, à noter, des ateliers plus « pointus », comme les ateliers « féministes » en lien notamment avec le collectif Les Déchaînées (lire par ailleurs).
« Marseille comble son retard »
A l’autre bout du spectre, il y a les boutiques et revendeurs de cycles, qui, eux aussi, font de la réparation. Comme ZZ Vélo Vintage, qui, de local en local, se rapproche du cours Julien avec un atelier plutôt « hype » et des vélos anciens, pour ne pas dire exceptionnels (avec les tarifs qui vont avec…). A noter également des boutiques comme Vélo Station, une chaîne qui, faisant surtout dans le vélo électrique mais aussi pliant ou cargo, vient de s’installer à Marseille du côté de la Joliette.
Entre les deux, on trouve nos artisans dont Youcef est l’un des pionniers puisque son atelier mobile date de 2013 ! Depuis quelques années, il travaille en duo avec son alter ego Étienne. Et, avec l’explosion des livraisons en deux roues et l’engouement tant pour l’électrique que pour les vélos cargo, pas étonnant donc de voir que d’autres se lancent dans l’aventure : « Il y en a deux-trois mais, pour l’heure, ils n’ont pas encore pignon sur rue. On les trouve sur le net », explique Youcef. Toutefois, le changement, pour lui, c’est l’arrivée de « Cyclofix : le Uber de la réparation. Vous réservez via une appli et on vous rappelle pour venir sur place. Mais le réseau prend 40% sur le tarif des réparations effectuées… »
Pas de quoi toutefois l’inquiéter. Avec le « Coup de pouce vélo », une aide de 50 euros pour retaper pendant le Covid les vélos qui dormaient dans les garages, lui et son collègue n’ont pas chômé : « On a fait en un an le chiffre d’affaires que l’on faisait d’ordinaire en six ! A deux, on a retapé 1 300 vélos ! »
D’ailleurs, les ateliers « participatifs et solidaires » ont leur réseau – L’Heureux Cyclage – et, il y a peu, c’est non loin de la cité phocéenne, dans les Hautes-Alpes, à Barret-sur-Méouges, qu’a eu lieu à Ecoloc une rencontre des « ateliers de réparation ». Comme le résume notre bon docteur : « On est encore loin derrière les autres grandes villes mais, petit à petit, Marseille est en train de combler son retard. » Et au regard de l’état de la chaussée ou du peu d’infrastructures pour les accrocher, les réparateurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels, ne devraient pas chômer !
Vélo en ville, 24 rue Moustier, 13001 Marseille
Allo mécano vélo, atelier vélo mobile à Marseille
Vélos sapiens, 39 rue Mazagran, 13001 Marseille
Vélocène, à La Base, 3 rue Pierre Roche, 13004 Marseille