Un parpaing dans la mare
Non, le Ravi ne fait pas dans les petites annonces mais force est de constater que la question des locaux est loin d’être anodine pour nos médias. Et pas uniquement quand il faut vendre les « bijoux de famille » ou se retrouver avec un bétonneur pour patron. Ce n’est pas par hasard si Mediapart, Bastamag ou Reporterre ont eu l’idée, avec le soutien d’un millionnaire, de monter la « maison des médias libres » avant que la mairie de Paris ne retoque leur dossier. D’ailleurs, en accueillant dans nos locaux 15/38 Méditerranée et Télé Mouche, le Ravi a réussi à monter une sorte de « maison des médias pas pareils ».
Et c’est en partie à cause des locaux que nos collègues vendéens du Sans-Culotte ont failli tout arrêter (1) : « On a annoncé au début de l’année à nos lecteurs qu’on avait besoin de faire une pause, explique Marie Coq. Parce qu’entre les articles, la maquette, l’administratif, la comptabilité, tout reposait sur mes épaules. De surcroît, c’est chez moi, dans une pièce de 5m2, que se faisait le journal. Et comme je suis devenue maman, j’ai failli tout arrêter car cela devenait intenable. » Heureusement, le journal revient ce mois-ci suite au recrutement d’un journaliste ainsi que d’une personne en charge de l’administratif et après avoir trouvé de nouveaux locaux. « La cerise sur le gâteau, c’est notre premier procès. Philippe de Villiers nous attaque pour avoir parlé d’un livre sur les dessous du Puy-du-Fou. On va donc savoir très vite si on ne va pas finir à la rue ! »
A L’Åge de faire, en revanche, on pousse les murs ! Le mensuel écolo basé dans les Alpes-de-Haute-Provence est en train de monter sa « maison commune ». Où l’on trouvera, outre la rédaction, la MJC de Château-Arnoux Saint-Auban, l’association de sensibilisation environnementale Graines de Cultures, un jardin partagé, une Amap et un café associatif. Pour cela, le titre, qui avait déjà fait le choix du statut coopératif, est en train de monter une SCIC. Et, pour l’ouvrir, il lance un appel à souscription et une opération de financement participatif. (2)
« C’est une idée qui remonte au tout début du journal mais que l’on n’avait pu concrétiser, rappelle Lisa Giachino. Là, on devrait mettre la main, non plus pour un euro symbolique mais pour 50 000 euros sur un bâtiment qui appartenait à Arkema. L’envie ? Mutualiser avec des structures avec lesquelles on était déjà partenaires comme la MJC, nous ouvrir encore plus, mesurer concrètement sur un territoire quelle est notre capacité d’animation. Mais aussi, notamment avec le café associatif, faire rentrer un peu d’argent dans un projet qui va en avoir besoin. » Et, pour un journaliste, avoir une bonne excuse pour finir au café, ça n’a pas de prix !
1. lesansculotte85.com
2. lagedefaire-lejournal.fr