Prison ferme pour les frères Guérini
Debout, côte à côte, la tête baissée, Jean-Noël Guérini et son frère attendent d’être fixés sur leur sort. Ils sont jugés aux côtés de sept autres prévenus, respectivement poursuivis pour abus de confiance ou de complicité d’abus de confiance, de prise illégale d’intérêts, de favoritisme, de blanchiment, ou encore d’infraction au secret professionnel.
Les peines prononcées sont moins sévères que celles requises par le procureur, mais restent lourdes. Le sénateur, Jean-Noël Guérini, ancien président PS du Conseil général des Bouches-du-Rhône, est reconnu coupable de prise illégale d’intérêts. « Vous n’avez eu de cesse de sauvegarder les intérêts de votre frère, vous n’agissez pas l’un sans l’autre, lui rappelle la présidente Céline Ballerini. Il s’agit de faits graves qui discréditent les personnes qui effectuent des mandats. » Pour cela, l’ex-homme fort du PS 13 est condamné à trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis. Une peine qu’il effectuera à son domicile. Il est également condamné à 30 000 € d’amende, et interdit de droits civils et civiques pendants cinq ans, ce qui devrait le contraindre à démissionner de ses fonctions actuelles de sénateur et de conseiller départemental des Bouches-du-Rhône. Mais l’élu pourrait déposer un recours spécifique contre cette peine pour retarder sa déclaration d’inéligibilité.
Son frère Alexandre, relaxé pour « abus de confiance », est cependant condamné pour tous les autres délits qui lui étaient reprochés. La présidente lui rappelle que si les faits dont il est accusé, datant de plus de vingt ans, sont très anciens, ils n’en sont pas moins de « graves atteintes au service public, pour lesquelles vous avez mis une énergie peu commune ». Il écope de six ans de prison ferme avec un mandat de dépôt différé, assorti d’une interdiction de gérer une société ainsi que d’une privation de droits civils et civiques pendant cinq ans. L’amende de 500 000 euros initialement requise par le procureur Patrice Ollivier-Maurel n’a finalement pas été retenue « au regard de l’importance de la peine de prison », justifie la présidente.
L’autre ancien élu présent sur le banc des accusés, Alain Belviso, est quant à lui relaxé pour « abus de confiance », mais reconnu coupable d’ « usage de faux ». Cet ancien président PCF de la communauté de villes Garlaban Huveaune Sainte-Beaume (GHB) est condamné à six mois de prison avec sursis et à 5 000 euros d’amende. Tous les autres accusés sont condamnés à des amendes allant de 5000 à 200 000 euros, et pour certains, à des peines de prison avec sursis.
Attendu à la sortie par un petit groupe de gilets jaunes arborant une banderole « Élus corrompus : inéligibilité à vie », ainsi que par une horde de caméras, Jean-Noël Guérini, très volubile durant l’audience, est encore une fois sorti sans faire de déclaration.