Au loup !
Les loups n’ont pas attendu le confinement pour entrer en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Ils sont déjà chez eux dans les alpages ! Et ils restent toujours un des sujets brûlants qui divise les citadins, réjouis par le réensauvagement des montagnes, et les ruraux, avec les éleveurs à leur tête, dénonçant les attaques sanglantes contre leurs troupeaux (3 701 victimes constatées par la chambre d’agriculture en Paca entre le 1er janvier et le 30 septembre 2020).
Pour pimenter l’ambiance, la tempête qui a frappé les Alpes-Maritimes en octobre dernier a détruit le parc Alpha à Saint-Martin-Vésubie permettant la fuite d’une meute de loups canadiens dans le parc du Mercantour, déjà réputé pour la présence de nombreux loups gris européens. Six des fuyards ont été capturés mais trois sont encore aujourd’hui en liberté et poursuivis par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB).
Dans le même temps deux arrêtés ministériels du 23 octobre sont venus augmenter le quota de loups sauvages pouvant être abattus par des tirs de défense, désormais jusqu’à 19 % de la population lupine. Une bonne façon de calmer la colère des éleveurs ? « Ces arrêtés sont un soulagement mais les éleveurs attendent maintenant leur réelle application », explique Jacques Courron, le président de la Fédération régionale ovine du Sud-Est (Fose), dénonçant la lourdeur et la lenteur des démarches administratives.
La Fose ne cesse de dénoncer une gestion encore trop centralisée du « problème » des loups. Cependant, selon les chiffres de la chambre régionale d’Agriculture Paca, bien que la population des loups a augmenté entre 2019 et 2020, le nombre d’attaques de loups et de dommages sur les troupeaux, a baissé de 14 %.
Il est encore difficile de mesurer les effets du premier confinement, où la faune a pu s’épanouir sans être dérangée, aussitôt suivi l’été dernier par une surfréquentation des zones alpines. « Il est trop tôt pour voir les réelles conséquences de cette augmentation drastique du nombre de touristes », souligne Emmanuel Gastaud, du parc national du Mercantour. Qui déplore de nombreux comportements dérogeant aux règles de protection de la nature : feux de camps, musique forte en pleine nuit… Autant de transgressions qui ont pu entraîner aussi bien des absences de fécondation de certaines espèces que des déplacements de population. Et donc des loups. Regroupés dans le nord-est de Paca, ils se rapprochent peu à peu du littoral, notamment dans le Var, via les massifs de la Sainte Baume et des Maures…