L'Alliance, en vert et contre tout
À deux pas de l’école Ruffi, l’écolo marseillais Sébastien Barles dégaine ses représentants de la « société civile ». Comme Sarah Soilihi, qui jure avoir laissé au vestiaire ses étiquettes (LFI, Générations) : « La meilleure stratégie, c’est rassembler les citoyens, pas les étiquettes. »
EELV doit pourtant composer avec. Notamment avec l’Alliance écologique indépendante (AEI). Une alliance qui remonte aux européennes : « J‘y étais moi-même hostile, reconnaît Barles. Car ça n’a pas empêché qu’il y ait d’autres listes écolos. Mais, pour Marseille, notre ambition, c’est de rassembler toutes les composantes et si j’avais des a-priori, désormais, on est au diapason. »
Une écologie pragmatique
Confirmation du référent du « 13 », Hamed Azouaou : « On milite depuis des années pour le regroupement de tous les mouvements. On prône une écologie pragmatique et il est sain qu’il y ait des sensibilités, des tendances… Dans l’absolu, c’est même une aberration qu’il y ait des partis écolos. Mais aujourd’hui, il n’est plus question qu’on ne soit qu’une simple force d’appoint. » S’il ne tarit pas d’éloges sur le fondateur Jean-Marc Governatori, celui qui est candidat à Nice (Cf le Ravi n°179) est loin de faire l’unanimité. Y compris dans ses rangs ! « Ne résumez pas l’Alliance à Governatori », clame Patrice Giran, conseiller municipal – et candidat AEI – à Vence.
« Je gêne »
Le parcours de l’ancien patron des magasins Fly est détonnant. Celui qui signe des opuscules préfacés par Albert Jacquard, qui a jadis monté La France d’en bas aurait vu sa formation encourager Brigitte Bardot à se présenter à la présidentielle de 2012, a apporté son soutien à Christian Estrosi en 2015, financé la liste de Francis Lalanne aux européennes. Et même attaqué EELV pour la propriété de la marque « Europe Écologie » !
« Je prône une écologie plurielle et je n’ai jamais été à droite.»
« Avec mon audience et mon argent, je gêne, donc, on trouve n’importe quoi sur le web, nous explique-t-il. Je n’ai jamais écrit à Bardot, c’est le secrétariat de l’organisation. Le soutien à Estrosi, tout le monde l’a fait ! La seule chose, c’est que nous, on l’a conditionné au financement d’un institut. En vain… Quant à la liste de Lalanne, c’est à titre personnel et ça m’a coûté 300 000 euros. » Et de poursuivre : « Je prône une écologie plurielle et je n’ai jamais été à droite. À peine deux mois à l’UDF et classé une fois pour une élection “divers droite” par la préfecture parce que je suis entrepreneur. »
Pas simple de faire la synthèse. Comme à Toulon où l’AIE présentera sa liste – tournant le dos à la liste fédérant écolos, collectifs et partis de gauche – ou à Aix-en-Provence où l’Alliance ne soutiendra ni celle de EELV ni celle de Génération écologie. Confidence de Patrice Miran : « Avec EELV, on n’a ni la même histoire, ni le même électorat. Les situations varient d’un endroit à un autre. C’est simple dans les zones où l’un des deux est en force. Ça se corse quand ce n’est pas le cas. » Et d’avouer : « Nous, la refondation de la gauche, ça n’est pas notre problème. Mais, avec EELV, nos électorats sont complémentaires. Et ça nous permet de sortir de la marginalité. » Ça a au moins le mérite de la clarté !