J’ai testé pour vous être "éco-délégué"
« Elue à l’unanimité ! » Début octobre dernier commence mon rôle « d’éco-déléguée » dans mon lycée de Martigues, ce nouveau machin inventé par le gouvernement pour répondre aux attentes de la « Génération climat » et à l’urgence écologique. Notre rôle : « être un(e) élève volontaire [prêt-e] à agir et à s’investir dans des projets de développement durable [et] à être le lien entre le projet d’établissement et sa classe ». Précision utile : « L’éco-délégué informe, encourage chaque élève à s’associer aux différents projets et actions en lien avec le développement durable. » C’est beau comme une promesse électorale.
Élue avec 38 autres lycéens, il a fallu attendre début janvier pour entrer dans le concret. Entre les deux, j’ai très peu d’informations pour comprendre en quoi je suis responsable ou ce dont je suis responsable. Ni sur ce qui est à mettre en place. Le gouvernement prône des actions concrètes mais on est longtemps resté au stade des incantations : après quelques réunions pendant la cantine, il nous est encore répété que notre rôle est de montrer l’exemple, d’être une source de propositions (de quoi, nous ne savons pas), d’être membre des instances de décision (mais lesquelles ?), d’être acteur des actions menées et relais d’information. Notre rôle, si nous n’avons pas encore compris : transmettre l’envie de participer aux projets, de sensibiliser, d’engager, de former, de communiquer.
Mais à chaque projet proposé, le lycée manquait de moyens, n’avait pas le droit, pas le temps, pas de lieu approprié. Pourtant, il y en avait peu. Dans un premier temps, seul le tri sélectif à la cantine, déjà mis en place depuis quelques années, et la construction d’un potager d’herbes aromatiques, proposé par l’établissement (sic) sont retenus. D’où une impression que nous ne servions pas à grand-chose. Alors même que les consignes du gouvernement le scandent : « Motivés, volontaires, les éco-délégués contribuent à la mise en œuvre concrète de la démarche développement durable avec les autres acteurs de la communauté éducative et du territoire. » Après le premier trimestre, on en est encore loin.
C’est en effet juste avant les vacances de Noël que les choses bougent. On arrive enfin à mettre concrètement en place des mouvements écologistes, à lancer des idées. Nous sommes répartis en groupes, avec chacun un thème précis (cantine, défis écolos, espaces verts, etc.). Puis courant janvier, une réunion du Copil, comité de pilotage, en présence, pour la première fois, du proviseur et de l’intendant, permet enfin de concrétiser certaines actions, comme le tri à la cantine un jour sur deux, ou encore la construction d’un lombricomposteur. C’est mon groupe « espaces verts » qui s’est vu confier la tâche de le réaliser, en collaboration avec la ville de Martigues et des élèves de bac professionnel soudure. L’objectif est de produire du compost à partir des déchets organiques de la cantine. On l’utilisera pour le potager d’herbes aromatiques proposé par le lycée.
Mais méfi. Pour arriver à cela, il nous aura tout de même fallu plus de quatre mois de réunions, à raison d’une toutes les trois semaines environ. Réunions où se radotent les mêmes projets et mêmes problèmes, dont on pourra s’occuper au mieux cette fin d’année. Pour preuve, début mars la construction de ce lombricomposteur n’a pas été lancée. Autant dire que l’urgence n’est toujours pas là…
Nina Flores (avec Batiste Cherchour)