Mars 2020, un 20/20 en écologie à Martigues ?
Si le communiste Gaby Charroux et sa liste de gauche plurielle, soutenue notamment par Europe écologie les Verts, ont été réélus pour un troisième mandat à Martigues, la campagne a montré que les revendications écolos existent et ne se tariront pas. A l’image de celles d’Alternatiba Ouest-étang de Berre. Ce collectif, qui a participé à la campagne « Municipales 2020, dernier mandat pour le climat ? », a proposé aux candidats de signer son pacte pour la transition et les a interpellés sur des « mesures prioritaires locales ». Cinq grands chantiers à l’aune desquels nous avons étudié les programmes des candidats à la mairie de Martigues.
« Développer une filière paysanne, bio et locale »
Si la liste de la majorité sortante, reconduite dès le premier tour des municipales, insiste sur les circuits courts et les filières agricoles locales, la coopérative vinicole de Saint-Julien par exemple, l’accent est surtout mis sur les cantines scolaires. Le territoire agricole de Martigues la dote « d’un fort potentiel environnemental » et « plus de 50 % des produits de la restauration scolaire devront être issus du bio », insiste Frédéric Grimaud, un Insoumis réélu avec Gaby Charroux. De son côté, le candidat LR (Les Républicains) Jean-Luc Di Maria se contente de proposer un quota de distribution de la production locale aux cantines (il a obtenu 21,34 % des voix, ndlr). La dîme 2.0 au service de l’écologie…
« Consommer moins et mieux l’énergie »
Dès 2014, Jean-Luc Di Maria (LR) avait encouragé la mise en place de constructions conformes au label « Ephinergie » (maisons produisant plus d’énergie qu’elles n’en consomment). Cette année, il promet carrément des écoquartiers dans son programme. A l’extrême-droite, le conseiller régional RN (Rassemblement national) Emmanuel Fouquart promeut l’architecture bioclimatique, l’exploitation des bienfaits naturels des matériaux, et l’installation de panneaux solaires (il a rassemblé 10,4 % des suffrages, Ndlr). Des mesures, affirme-t-il, tirées de son expérience à la Région, mais aussi de ses origines : « Je viens de Haute-Savoie, où le respect de la nature est très imprégné. »
« Priorité aux mobilités actives »
En matière de mobilités, la majorité sortante veut passer à la vitesse supérieure : elle en a fait le tout premier point de son programme avec, notamment, la création de voies cyclables et d’une aide financière pour l’achat de vélo à assistance électrique. Avec, en illustration, un plan de l’étang d’où l’on ne voit ni l’usine de Berre, ni le barrage de Saint-Chamas, ni le site pétrochimique de Lavéra…
De son côté, Emmanuel Fouquart (RN) – qui « roule en hybride depuis 10 ans » – insiste sur l’implantation de bornes de recharge pour voitures électriques. Quant au candidat LR, il propose la création de parkings souterrains en dessous des centres névralgiques de la ville (800 places au total, avec des sols « végétalisés »). Objectif : « Chacun aura sa place. » Pensez à en garder une pour l’environnement.
« Une industrialisation plus durable »
Le point le plus débattu à Martigues. Si l’économie locale s’est structurée autour de son industrie, nous sommes en 2020 et une page se tourne. Ainsi, Gaby Charroux a choisi de placer les risques technologiques à la fin de l’alinéa « Ville durable » et d’« articuler environnement et industrie »… Deux points qui, lors du reportage « Ma ville est polluée » du 20h de TF1 en février dernier (lors duquel le maire sortant a été interviewé), semblaient pourtant radicalement irréconciliables ((lire également l’entretien avec Philippe Pourtin, colistier de Gaby Charroux, sur la transition industrielle).
Les arbres représentent aussi un enjeu de taille. « Un nouveau-né à Martigues, un arbre planté », promet la liste LR de Jean-Luc Di Maria. Contre 150 par an pour Gaby Charroux. Une promesse qui fait tousser Emmanuel Fouquart du RN : « [La majorité sortante] a supprimé les arbres dans les écoles, elle ne peut pas dire qu’elle va les replanter ! » Sans pour autant proposer d’en planter davantage…
« Développer des pratiques démocratiques et d’accueil »
Curieusement, la liste du RN reprend de nombreux éléments des recommandations d’Alternatiba pour la mise en place d’une démocratie participative, notamment à partir des maisons de quartier. Mais il faut attendre la troisième partie du programme, bien après l’impératif de sécurité, pour les trouver. Tout comme la majorité sortante, il met aussi l’accent sur les référendums. Mais Martigues n’est pas le village de Saillans (Drôme), la nouvelle boussole en terme de démocratie participative. Pourtant, comme le reconnaît Frédéric Grimaud de la liste Charroux, « une politique environnementale ne peut fonctionner que si elle est conjuguée avec une politique sociale ».
Colibri
« Il faut que toutes les listes s’engagent à faire ressortir l’écologie dans leurs programmes. » Si l’exhortation de Jean-Luc Di Maria a finalement été suivie par l’ensemble des candidats à la succession de Gaby Charroux, les enjeux climatiques et environnementaux à Martigues, en France et dans le monde entier sont énormes pour la planète et son avenir. Mais surtout celui de ma génération. Comme Alternatiba, nous n’attendons qu’une chose : « Que les mots soient suivis de faits. » Pour paraphraser Pierre Rabhi, Martigues n’est qu’un colibri dans la forêt en feu. Mais elle peut et elle doit devenir un gros colibri.
1. Sollicités, Jean-Luc Cosme (DVG, 3,77 % des voix) et Bernard Niccolini (Ecolo, 3,56 % des voix), n’ont pas donné de suite à mes sollicitations.
