Rech. Yves Montand désespérément…
Quand on vous dit que le Ravi, c’est tout sauf un journal sérieux ! Depuis la fin de l’année dernière, le mensuel qui ne baisse jamais les bras intervient à l’école primaire de la Cabucelle, dans les quartiers nord de Marseille, plus précisément dans la classe de CM2 de Léa Drouot pour l’épauler dans la réalisation de son journal de classe, Les 25 voix de la K-bu. Le tout en lien avec la bibliothèque Saint-André. A cette occasion, on aurait pu s’intéresser aux errements d’une école privée musulmane qui a été fermée par la préfecture. Ou relayer les problèmes de punaises de lit que connaît l’école où on est intervenu.
Mais on n’est pas sérieux quand on est en CM2 ! Et, sur le chemin de cette petite école située juste à côté de la raffinerie Saint-Louis et de la fédération du PCF, juste en face de la mairie de secteur, une gigantesque peinture murale représente, sourire aux lèvres et en bleu de travail, l’enfant du quartier : Yves Montand.
Nous voilà donc, avec notre petite équipe de reporters en herbe, à la recherche de la moindre trace du passage de la vedette par l’école du quartier. Pas grand-chose sur le web et la consultation d’une bio de l’artiste se fait plutôt lapidaire sur le sujet, le petit Ivo faisant surtout acte de présence en classe avant de devoir aller travailler à l’usine à 11 ans. Alors, avec l’escouade la plus téméraire de cette rédaction « pas pareille », on n’hésitera pas à partir en exploration jusque dans les tréfonds de l’école, cherchant en vain et dans la pénombre de la cave le moindre cahier, quelques archives. Le seul trophée qu’on ramènera, c’est un peu de poussière et une drôle de tête en papier mâchée. Et la certitude qu’il allait falloir trouver un autre sujet. A notre décharge, Elodie Debureau, la bibliothécaire, n’aura guère plus de succès…
C’est aussi ça, le journalisme ! Savoir autant s’adapter que cultiver l’opiniâtreté. Et nos « 25 voix de la K-bu » en ont à revendre ! Pour savoir quelle est la matière préférée ou quel métier veulent faire ces minots, c’est toute l’école qu’ils vont interroger. Pour partager leur passion pour « L’attaque des titans », on comptera trois versions de l’article. Et lorsqu’il s’agira pour Aliane d’accompagner sa mère au bureau de vote pour un reportage sur les présidentielles, son premier jet sera un article de près d’une dizaine de pages avec photos, graphiques !
Comment alors s’étonner que le journal ait tapé dans l’œil du Clemi, l’organisme en charge de l’éducation aux médias en milieu scolaire, accordant aux 25 voix de la K-bu son « coup de cœur école » dans le cadre du concours national des médias scolaires « Médiatiks» ? Certes, il y a eu des loupés. Pour aborder la question des « fake news », on a voulu expérimenter leur ancêtre, cet objet journalistique en voie de disparition, le « poisson d’avril » en voulant voir comment l’école réagirait si le jeu vidéo devenait une matière à part entière ou si était décidé le retour de l’uniforme. Mais on n’a pas mené à bien ce projet.
Qu’à cela ne tienne ! Pour aiguiser leur esprit critique, on ressortira d’un placard un bon vieux lecteur K7 pour leur faire écouter « Chaos de Noël », l’histoire d’une petite fille qui meurt dans le métro suite à une bousculade. Alors, info ou intox ? Et les minots de s’offusquer en voyant leur instit’ pouffer en entendant une pub narrer les mérites d’un livre de recettes intitulé « Mille et une quiches ». On finira par leur révéler le pot aux roses en expliquant leur avoir fait écouter une pièce radiophonique aussi bien faite que totalement fictive.
Et, histoire de boucler la boucle, avant que nos élèves ne prolongent leur travail en l’exposant à la bibliothèque Saint-André, la classe viendra visiter les locaux du Ravi, découvrant que le mensuel qui ne baisse jamais les bras est né dans un bureau de la taille d’un placard et que, lorsqu’on n’a pas pris le réflexe de noter doctement les numéros de téléphone de ses contacts, on doit cumuler plus de dix ans de carnets de note ! Quand on vous dit que le Ravi, c’est pas un journal sérieux…
L’exposition autour des 25 voix de la K-Bu est visible jusqu’à la fin du mois de juillet à la bibliothèque Saint-André (6 bd Jean Salducci, 13016 Marseille). Et, dernière minute, si, à l’école de la Cabucelle, toujours pas de trace de Yves Montand, nos reporters en herbe ont retrouvé les registres avec le nom des anciens élèves !