Derrière l'étang, les nombreux enjeux écologiques
Un « Pacte pour la transition » pour Alternatiba, une « Charte du vélo » pour Les vélos des étangs. Les élections municipales de mars ont été l’occasion pour les associations écolos de Martigues et du territoire de pousser leurs dossiers. Central et menacé, l’étang de Berre, le deuxième plus grand étang salé d’Europe, n’est de fait pas le seul enjeu environnemental local.
Il y a par exemple le développement des déplacements en mode doux. Et il y a urgence : Martigues croule sous les particules fines (industrielles et routières). Créé en 2013, Les vélos des étangs – en plus d’ouvrir ses ateliers au public et d’assurer des cours d’apprentissage, en particulier aux migrants qui utilisent beaucoup le vélo dans leurs déplacements – milite tout particulièrement pour la mise en œuvre de réseaux cyclables communaux et pour le développement de liaisons intercommunales en sites propres avec Istres, Fos-sur-Mer, Port-de-Bouc ou encore Miramas. « Pour les élus de Paca, le vélo est un outil de sport, pas de déplacement. Pourtant des solutions existent le long de routes ou en réhabilitant des voies délaissées », bougonne Jean-Luc Hanrard, le coprésident de l’association.
Si le travail semble rouler du côté de la métropole, malgré son retard la ville de Martigues n’est pas non plus inactive. « En 2015, elle a voté un schéma directeur cyclable de 7 millions d’euros sur dix ans et a inauguré l’année dernière sa première voie en site propre, entre Ferrières et Lavéra », rappelle ce retraité. « On travaille aussi avec les techniciens sur des liaisons entre les quartiers populaires et les collèges », poursuit le militant. Tout en regrettant la lente mise en œuvre des aménagements…
Du global au local
Du côté d’Alternatiba Martigues, on bosse plutôt sur « l’éducation, l’information et les mobilisations », rappelle Catherine Bonafé, un des piliers locaux de cette coordination nationale. Ville d’accueil des deux « tours des alternatives », Martigues a aussi hébergé trois villages du même nom et plusieurs marches pour le climat. L’association propose aussi une programmation au fil de l’eau, soit une quinzaine d’initiatives par an, pour mettre en avant des solutions. Comme récemment un ciné-débat autour du vin imaginé par le paysan-boulanger du coin, des conférences, gesticulées ou pas, sur l’écoféminisme et l’opportunité de donner des droits à la nature. Ou encore, il y a un peu plus longtemps, sur le projet de la mairie de Port-de-Bouc de recycler les installations d’une friche industrielle pour alimenter en chauffage bâtiments municipaux et logements sociaux. « Le réchauffement climatique est plus rapide que prévu et 50 % à 70 % des solutions sont locales. Il y a une cinquantaine de lieux ou de grosses initiatives sur le territoire », assure la militante.
Le Pacte pour la transition, en plus des 32 mesures nationales, a lui permis de mettre en avant des propositions concrètes. « Avec 20 à 30 associations écolos de la métropole, on en a proposé 300 et on sera attentif à ce qui sera fait », explique Catherine Bonnafé. Exemple avec quelques enjeux à Martigues : « Le photovoltaïque sur les bâtiments communaux ou la destination des terres agricoles protégées. Si c’est pour faire de la production conventionnelle, ça ne sert à rien ! »
Une liste qui oublie curieusement l’étang de Berre… Preuve qu’il est une préoccupation parmi d’autres sur le territoire ? Bénévole de l’association Nostra Mar Rognac, Guislaine Doret préfère en tout cas parler « de la valorisation de l’étang et de son patrimoine plutôt que de sa défense ». Lors d’une balade mi-février dans le marais de Rognac – où l’ancien port antique et la digue du sel se partagent le paysage avec les cuves à pétrole de la société Lyondellbasell -, cette énergique retraitée aux cheveux courts est intarissable tant sur cette partie de la lagune que sur les actions pédagogiques menées par son association avec les élèves et les étudiants du territoire. Exemples : la création d’un sentier à travers les marais, qu’elle promet jusqu’à la ville de Berre et en partie accessible aux personnes à mobilité réduite, un abri à serpents, une maison pour les insectes, des panneaux d’information. « On se croirait en Camargue, se réjouit Guislaine Doret. Avec le sentier, les Rognacais reviennent se balader dans le marais et le redécouvrent. » Une autre manière de défendre l’étang.