A Emmaüs, la foule des grands jours

décembre 2008

« Dans une minute, on ouvre les portes. Est ce que tout le monde est prêt ? » En ce matin frileux de novembre, une centaine de personnes se pressent déjà devant le portail de la communauté Emmaüs de la Pointe Rouge, à Marseille, qui organise sa deuxième grande vente annuelle.

« Pour la préparer, nous accumulons les objets qui ont le plus de valeur, explique François, l’un des responsables de la communauté. En ce moment, ce qui marche bien, c’est le textile. » Quand le speaker, tel un animateur commercial qui aurait la foi, fait ouvrir les portes, la foule se rue surtout sur la centaine de vélos. A 10 euros le vélo enfant et 30 le vélo adulte, il n’en reste presque plus une heure après l’ouverture. A l’intérieur du bâtiment, les personnes sont bloquées sur les escaliers qui mènent à la mezzanine où se trouvent les vêtements. Les meubles, par contre, ne trouvent pas forcément preneur. « 150 euros la table ronde des années 50, c’est beaucoup trop cher », affirme Valérie qui est venue avec ses deux enfants et qui repartira sans rien avoir acheté. « Les meubles sont en perte de vitesse, reconnaît François. Ils sont trop souvent volumineux pour les petits appartements de Marseille. Mais nous comptons bien développer un autre secteur pour compenser : l’informatique. » A l’extérieur, la buvette et la restauration légère ne sont pas encore prises d’assaut tandis que le speaker coupe la bande sonore pour annoncer « une paella à 6 euros à réserver pour votre repas du midi que vous pourrez partager avec les compagnons ».

Comme un samedi après-midi à Carrefour, on croise toutes les couches de la population, du couple bobo au petit vieux sans le sou en passant par le jeune étudiant qui cherche une petit table pour son studio, mais pas l’ombre d’un trader viré et dépressif. « Il y a également des petits malins qui savent que c’est un peu le feu et qui viennent voler », pointe François. Voilà peut-être ce qui explique la présence d’un vigile à l’entrée et la grande vigilance des compagnons à leur stand, mais aussi la mise en place de 3 caisses différentes pour payer (liquide, chèque, CB).

« 2 à 3 000 personnes viennent pendant la journée, ce qui représente un chiffre d’affaire de 50 000 euros, soit 10 % à 15 % de notre budget annuel, souligne Jean-Marie Alégrini, le président de la communauté. Ce sont des chiffres habituels. » Manifestement, la crise financière mondiale n’a pas encore de répercussions chez Emmaüs.

Jean Tonnerre

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