C’est la crise finale !

décembre 2008
Les malheurs du capitalisme font le bonheur du NPA, le nouveau parti de Besancenot. En Paca, il séduit déjà trois fois plus de militants que la LCR.

La ligue communiste révolutionnaire va se saborder en janvier, pour aussitôt renaître sous le nom provisoire de « nouveau parti anticapitaliste », le NPA. Pour la vieille organisation trotskyste, l’opération n’a d’intérêt qu’à condition de changer d’échelle, en agrégeant des militants qui n’auraient pas rejoint une LCR même rénovée. Effets conjugués de la popularité d’Olivier Besancenot, du recentrage et des cafouillages socialistes, de l’agonie du PCF, de la crise internationale du capitalisme ? Les adhésions affluent partout en Paca avant même que le NPA ne voie le jour.

« La LCR dans toute la France, c’était environ 3000 militants, souligne Jacques Fortin, avignonnais qui fêtera en 2009 sa 40ème année d’engagement dans le parti d’Alain Krivine. Dans le Vaucluse, comme à l’échelle nationale, on a déjà triplé nos effectifs. Nous comptons environ 80 cartes. La motivation n°1 des gens qui viennent vers nous, c’est le ras-le-bol du PS. » Dans les Alpes-Maritimes, du côté de Cannes et de Grasse, c’est carrément le jackpot avec une trentaine de nouveaux adhérents. « La catastrophe financière nous apporte aussi un nouveau public qui ne militera peut-être pas à nos côtés mais s’intéresse à nos thèses, souligne Patrick Bellois de la LCR 06. C’était ringard de parler de « capitalisme » par exemple, avant le crack boursier. Cela l’est beaucoup moins aujourd’hui. Des gens qui ont voté Sarko se tournent même vers nous en nous demandant ce que l’on peut faire pour eux ! »

En attendant le congrès constitutif du NPA, les rencontres départementales et régionales se multiplient. Dans les Bouches-du-Rhône, 200 personnes ont rejoint le nouveau parti qui espère, à terme, y comptabiliser 600 adhésions. « Je suis membre du collectif du 1er arrondissement de Marseille qui n’existait pas jusqu’alors, explique Cédric Bottero, un des porte-parole de la LCR du 13. Nous sommes déjà dix et notre fichier de contact compte 64 personnes. La situation économique confirme ce que l’on dit depuis toujours : ce n’est pas le capitalisme financier qui est en crise mais le capitalisme tout court. C’est lui le problème. » Face au succès, il est possible qu’en janvier, plusieurs « assemblées électives » soient organisées dans le « 13 » et non une seule pour tous les comités. « Quand il y a plus de 300 personnes, c’est difficile de prendre la parole », commente avec gourmandise, Cédric Bottero. Sur les terres hostiles de Jacques Peyrat, Jacques Médecin, et Christian Estrosi, ce n’est pas encore la révolution mais peut-être les prémisses de la révolte avec une vingtaine d’adhérents et un comité niçois du NPA créé début décembre. « La crise valide notre discours avec évidence pour des gens qui hésitaient jusque-là à s’engager, précise Olivier Sillam, de la LCR niçoise. Le vocabulaire qu’on était presque les seuls à porter depuis des années, fait son chemin : c’est le système capitaliste qui génère sa propre perte. Lorsque les Etats procèdent à des nationalisations, nous disons d’accord mais à condition de ne pas revendre lorsque les profits seront au rendez-vous. La population doit avoir un vrai contrôle dans les secteurs nationalisés. » La gauche radicale ne connaît pas la crise…

Michel Gairaud

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