Regrets éternels
Vieilles carnes. La réputation d’hospice du Sénat n’est pas usurpée : dix des treize sénateurs sortants ont largement dépassé l’âge limite du départ à la retraite (65 ans), dont trois, tous des Alpes-Maritimes, de très loin : José Balarello (UMP, 81 ans), Pierre Laffitte (RDSE, 83 ans) et Charles Ginésy (UMP, 86 ans). L’UMP présente le fils de ce dernier, Charles-Ange Ginésy… Le défenseur des causes perdues. Sans-papiers, prisons, droits de l’homme, Roms, gens du voyage, travailleurs précaires, etc. Même s’il se défend d’en être le spécialiste, Robert Bret (PC, Bouches-du-Rhône) n’a ménagé ni son temps ni ses « Smiles » de grand voyageur pour défendre et médiatiser les causes perdues.
Le cancre. Heureusement pour Jean-Noël Guérini que le Sénat est moins pointilleux que les services chargés des Rmistes du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Car le sénateur socialiste et président du Département brille particulièrement par son inactivité parlementaire. A son actif en dix ans de mandat : une seule proposition de loi, cinq interventions en séance publique et 119 questions aux gouvernements. Une misère ! Sans compter qu’il n’émarge dans aucune structure de travail de la haute assemblée.
Les cumulards. Respectivement maire de Marseille et président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Claude Gaudin (UMP) et Jean-Noël Guérini (PS) sont sans rivaux depuis la défaite de l’ex-FN Jacques Peyrat (UMP, Alpes-Maritimes) aux dernières municipales. Leur cumul est parfaitement légal, mais explique que les deux sénateurs éclairent le Sénat surtout de leur absence. Jean-Claude Gaudin ne devançant le cancre Guérini que par les obligations imposées par sa vice-président de la haute assemblée…
Les bigots. Trois sénateurs UMP partagent la même passion pour les messes et le pape : Charles Ginésy (Alpes-Maritimes), Francis Giraud (Bouches-du-Rhône, président du groupe d’amitié avec l’état pontifical) et le très pieux maire de Marseille font partie des heureux élus du groupe interparlementaire d’amitié France-Saint Siège. Jean-Claude Gaudin a même poussé sa ferveur en cosignant des deux mains, évidemment jointes, une proposition de loi sur le financement des établissements privés par les collectivités territoriales.
Les repris de justesse. Trois sénateurs ont connu les foudres de la justice : Jacques Siffre (PS, Bouches-du-Rhône), 10 mois de prison avec sursis en 2000 pour abus de biens sociaux dans ses fonctions de maire d’Istres (au côté de l’éternel François Bernardini) ; Charles Ginésy (UMP, Alpes-Maritimes), 20 000 euros d’amende en 2005 pour favoritisme dans l’attribution du marché des canons à neige d’Isola 2000 (il était alors président du Département) ; l’inénarrable Jacques Peyrat (UMP, Alpes-Maritimes), 5 000 euros d’amende et 2 500 euros de dommages et intérêts en juin dernier pour injures publiques à l’égard de Jean-Marie Tarragoni, son chef de cabinet à la mairie de Nice de 1995 à 1997.
Ma déclaration. « Sur l’honneur, je l’ignorais ! » Charles Ginésy (UMP, Alpes-Maritimes) jure devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Nice Matin, 10/02/2005), la main sur le c?ur, qu’il n’a pas été informé que son fils vice-présidait l’Association des amis… de Charles Ginésy. Une structure qui a perçu un pot-de-vin de 100 000 FF dans l’affaire dans laquelle le sénateur a été condamné.
L’expert. Pierre Laffitte, sénateur des Alpes-Maritimes RDSE : membre de l’Académie suédoise des sciences, président de l’Association franco-allemande de la science et de la technologie, rédacteur de 37 rapports (sur une quarantaine) consacrés à la recherche scientifique et technique, au nouvelles technologies, etc. L’accro. Nommé le 26 décembre 1984 à la suite du décès de Victor Robini, José Balarello (UMP, Alpes-Maritimes) n’a plus depuis quitté le palais du Luxembourg. Soit 24 années de mandat : record régional !
Lou ravi. Aussi inactif que Jean-Noël Guérini, mais présent dans des groupes d’étude, Jacques Siffre (PS, Bouches-du-Rhône) a montré une ardeur inhabituelle à l’occasion du débat relatif au secteur de l’énergie (10 octobre 2006) : son « tout à fait ! » d’anthologie suivi d’un « terrible ! » tout aussi remarquable resteront ses seules contributions aux débats parlementaires.
Jean-François Poupelin