Sénat : démocratie très indirecte
69 ans. C’est la moyenne d’âge des sénateurs de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur avant son renouvellement partiel ce 21 septembre. Parmi cette assemblée de doyens, une seule femme, dans le Var : Christiane Hummel, 66 ans. Les Alpes-Maritimes alourdissent l’addition, il est vrai, avec une moyenne de 82 ans chez les sénateurs sortants. « Le sénat a longtemps été une institution lointaine, poussiéreuse, vieillissante pour nous, élus de base », reconnaît Bruno Gilles, maire de secteur de Marseille, n°3 sur la liste UMP dans les Bouches-du-Rhône : un véritable minot du haut de ses 48 années. « Aujourd’hui, c’est dans la philosophie du Sénat de mixer les générations », croit la jeunette Sophie Joissains, 38 ans, fille de Mme le maire d’Aix-en-Provence, n°2 sur la liste UMP qui lui offre ainsi son premier mandat. A peine plus âgée, Samia Ghali, 40 ans, occupe la 4ème place dans le « 13 » sur la liste PS-PCF. Elle est résolument en campagne : « Le Sénat est une institution qui doit se mettre à la page de la société, affirme Mme le maire du 8ème secteur de Marseille après avoir grandi dans les quartiers nord. Je suis tout sauf une héritière de la politique, une notable. Je casse les tabous. Le fait de me choisir plutôt que quelqu’un proche de la retraite politique, de favoriser des élus qui n’ont pas l’habitude d’accéder à ce genre de mandats, peut faire évoluer les choses. » Même si Jacques Peyrat (77 ans), ex-FN, ex-UMP, ex-maire de Nice, ex-sénateur, menace de monter sa propre liste, aucun des quatre sortants des Alpes-Maritimes ne se représentera. Dans le « 06 » la moyenne d’âge va donc chuter d’une vingtaine d’années. En Paca, la nouvelle obligation de parité absolue va permettre d’élire six nouvelles sénatrices.
Alternance, continuité. Mais au fait, le Sénat, cela sert à quoi ? Un autre soupçon pèse sur la Haute assemblée : celui d’une chambre, temple du conservatisme, où l’on ronronne entre soi en cultivant le consensus. « On pense souvent aux sénateurs comme des gens bien installés, ne craignant rien pour leur avenir, coincés derrière leur bureau pour examiner les lois. Rien n’est immuable !, est convaincu Isabelle Pasquet, 46 ans, PCF et propulsée n°2 sur la liste d’union avec le PS dans le « 13 ». Un sénateur représente les collectivités locales. Quand on voit les dégâts que fait la décentralisation, il y a des choses à dire. » Pourtant assurée de n’avoir aucun élu, Marianne Moukomel, tête de liste des Verts dans le « 13 » jugerait bien utile que des écologistes puissent siéger au Sénat : « Nous n’avons aucun représentant dans le sud de la France. Toutes les lois, sur les OGM, le nucléaire, passent au Sénat. Et le système de navette entre les deux assemblées permet souvent de les enrichir. »
A gauche, à droite, tous prennent très au sérieux cette mission de proximité. « Les sénateurs ont un rôle moins politicien mais tout aussi politique que les députés, affirme Sophie Joissains, candidate UMP. Ils jouent d’autant plus un rôle pour la sécurité des territoires qu’ils sont moins soumis aux pressions de l’opinion publique. Le Sénat se donne le temps de la réflexion. On y trouve des sages de la République. » Sauf quand les sages, souvent en situation de cumul de mandats, sont abonnés à l’absentéisme qui n’est pas sanctionné. Certains occupent leur fauteuil mais désertent les commissions où tout se décide réellement. « En fait, l’assemblée fonctionne avec seulement 30 % des élus, a constaté Robert Bret. La nuit par exemple, les plus présents ne sont pas les plus jeunes. A partir d’un certain âge, on a besoin de moins dormir. » Finalement, l’UMP aurait dû réinvestir Charles Ginesy (86 ans) dans les Alpes-Maritimes…
Michel Gairaud
AU SOMMAIRE – Grands électeurs – Elus à usage unique – Election dans l’élection – Gaudin président ? – Bilan – Regrets éternels – Campagne – Crocs devants