Une ville en état de siège ?
« Je mentirais si je disais que j’ai des éléments tangibles me permettant d’affirmer que le département ou l’agglomération me maltraitent. Objectivement, ce n’est pas vrai. » Marc Vuillemot est catégorique. De son bureau, le maire socialiste de la Seyne-sur-Mer peut apercevoir l’autre rive de la baie toulonnaise. Celle où Hubert Falco, le maire UMP de Toulon, règne d’une main ferme sur sa ville, son agglomération dont il est président et le Conseil général du Var qu’il a autrefois dirigé avant d’y faire élire un homme de confiance. Lors du conseil municipal de la Seyne-sur-Mer, le 13 mars, le ton était pourtant nettement moins apaisé dans les rangs très composites de la majorité municipale à l’égard de Toulon Provence Métropole (TPM) et de son puissant leader, dont personne n’est toutefois allé jusqu’à prononcer le nom.
« C’est Toulon Provence Métropole qui a déplacé le pôle théâtral »
Joseph Pentagrossa, adjoint PCF chargé du Budget et des Anciens combattants (sic) a sonné la charge contre Arthur Paecht, le maire UMP sortant, et ses liens privilégiés avec les puissances dominantes locales : « Le docteur Paecht a tiré gloire d’avoir baissé les impôts. Mais on a hérité d’une dette colossale. Et le Conseil général a alloué durant son mandat 62 millions de subventions dont 32 millions d’investissement. » La Seyne-sur-Mer aurait-elle bénéficié de largesses dues à une connivence politique aujourd’hui disparue ? « J’ai reçu beaucoup d’argent, mais ce n’est pas pour ma bonne figure », s’amuse Arthur Paecht. Et de rajouter sans feindre la moindre modestie : « J’ai dit à l’agglomération et au département : « la Seyne vous coûte de l’argent, aidez-moi à mettre en œuvre une politique qui va me permettre de dégager enfin des recettes. » J’ai effectivement été aidé plus que les autres car j’ai été le seul à proposer un plan d’ensemble pour l’agglomération. Je suis notamment à l’origine du pôle de compétivité mer… »
Adjointe au patrimoine sous Paecht, reconduite à ce poste et à celui de la culture sous Vuillemot, Florence Cyrulnik s’est vite adaptée. Qui est responsable de l’abandon du théâtre qui devait se construire à la Seyne ? « C’est Toulon Provence Métropole qui a déplacé le pôle théâtral sur le centre ville de Toulon », a-t-elle dénoncé, courroucée, lors du conseil municipal du 13 mars, répondant aux critiques de l’opposition, ses anciens amis… Le prélude à d’autres déconvenues ? « Les quelques frictions concernant le pôle théâtral ne permettent pas de conclure qu’aujourd’hui il existe une volonté politique de nuire à la Seyne parce qu’elle serait de gauche », soutient sans en démordre Marc Vuillemot. Militant de l’aile gauche du PS, il aurait sans doute envie de mener des joutes politiques avec le secrétaire d’Etat chargé de l’Aménagement du territoire. Mais le maire de la Seyne a un besoin impératif d’Hubert Falco pour faire avancer de nombreux dossiers. Et comme ce dernier aime le consensus, la bataille navale n’aura peut-être pas lieu…
Michel Gairaud