Malaise à La Marseillaise
Jeudi 29 janvier, une quarantaine de journalistes du quotidien communiste de Paca a pris au mot sa direction. Ils ont défilé avec leur propre slogan – « Malaise à La Marseillaise » – dans différents cortèges de la région (1). Et pour cause, depuis septembre 2005, le syndicat de journalistes CGT réclame ce que défend chaque jour le quotidien fondé au sortir de la guerre par des résistants et des militants du PCF : l’application de la convention collective de la Presse quotidienne régionale (+ 40 % sur les salaires), la transparence dans la gestion, la participation de ses représentants au conseil d’administration et la mise en place qu’un réel dialogue social (2). Sans succès pour l’instant. La direction de La Marseillaise a visiblement du mal à mettre en pratique son discours… En trois ans et demi, les journalistes n’ont obtenu qu’un audit des comptes et une proposition de consacrer les excédents aux salaires. « C’est insuffisant, déplore Nicolas Ethève, secrétaire général SNJ-CGT. Notre demande de rattrapage des salaires sur trois ans est réaliste. Surtout si un véritable plan de développement des ventes est mis en œuvre. Elles ne représentent que 30 % des ressources du journal, il y a donc un potentiel. »
Même constat amer chez les ouvriers et employés du livre. Ils ont participé à la grève du 11 octobre 2007, la première du quotidien. Avec le même résultat. « Il y a eu des négociations, mais on a rien eu du tout alors que notre convention est appliquée à 0 % ! On est payé 2,5 à 3 fois moins que nos confrères, notre prime de transport est de 3 euros au lieu des 33 euros légaux, les douches sont dans les couloirs, etc. », dénonce Frédéric Luzi, secrétaire général de la Filpac-CGT. Avant de s’emporter : « Avant ils tapaient dans le dos et filaient une bouteille de Ricard©, mais ça ne marche plus ! »
Problème pour les deux syndicalistes, leur combat ne fait pas l’unanimité. Une partie des employés de La Marseillaise, dont des journalistes, est encore sensible à ce paternalisme. Beaucoup d’employés sont en effet entrés par la petite porte et font corps avec la direction. A l’image d’André Picca, du service des ventes et délégué du personnel Filpac-CGT, qui assure : « Je ne veux pas revivre les licenciements de 1987 ! Ils ne peuvent pas dire que la direction ne fait pas d’efforts. On se bat sur les ventes et il y a régulièrement des augmentations de salaires. Cette année elle sera de 2 %. » Finalement, Paul Biaggini (3) est un patron très classique : il divise pour mieux régner. Encore une pratique dénoncée dans les colonnes de son journal…
Jean-François Poupelin