Lutte finale
« L’influence du PC ne se résume pas à son score des présidentielles ! » Les responsables communistes de la région ont beau clamer que sans leurs militants et électeurs la gauche ne peut pas gagner, les 1,93 % de Marie-George Buffet les suivent comme une mauvaise odeur. Au point que leurs anciens amis de la gauche plurielle préfèrent en général les éviter. Au moins officiellement : aucun accord départemental avec le PS n’a été signé pour les municipales qui se profilent. A Marseille et à Toulon, les élus communistes ont été carrément phagocytés par les candidats socialistes. La situation dans les Alpes-Maritimes est exemplaire. Alors que le PS et le PC, accompagnés par les Verts, partent main dans la main à Nice face au rouleau compresseur Estrosi, président UMP du Conseil général et sous-ministre de l’Outre-Mer, ils ne font alliance que dans trois autres communes, loin d’être les plus importantes : Saint-Laurent du Var, Le Cannet et La Trinité. « A Grasse, Antibes, Cannes ou Menton, les socialistes refusaient de renouveler nos élus sortants », hallucine Robert Injey, secrétaire PCF du « 06 ». Et sans la division des socialistes niçois, la facture aurait sûrement été plus lourde. Du coup, à Antibes et à Cannes par exemple, les communistes s’allient avec la LCR…
La stratégie de large rassemblement à gauche au premier tour des municipales décidée par l’assemblée générale nationale du PCF en décembre dernier a fait long feu, d’autant que l’expérience avortée des collectifs antilibéraux a laissé des traces. « Certains ont voulu en profiter pour nous faire disparaître. Mais un rassemblement à la gauche de la gauche ne se fera pas sur un suicide collectif des communistes », prévient Robert Injey. L’extrême gauche est souvent montrée du doigt. « Ils sont uniquement sur le discours, ils ne veulent pas participer à un exécutif. C’est de la politique fiction », accuse Jean-Marc Coppola.
In fine, les divisions socialistes à Istres et Aix-en-Provence ainsi qu’un appel à rejoindre sans condition la liste Guérini à Marseille ont permis au secrétaire départemental du PCF des Bouches-du-Rhône de se réconcilier avec le PS. A l’inverse de Jean Hennion, responsable de la fédération communiste du Var. Totalement ignoré par son homologue socialiste et soumis aux desiderata des sections PS locales, il s’est résolu à des tractations avec la LCR sur Toulon et sur La Seyne-sur-Mer. « Nous voulions pourtant éviter le piège de la division de la gauche », regrette le secrétaire de la fédération du « 83 ».
Derrière des discours volontaristes – « battre la droite », « porter des programmes de gauche », « avoir des poches de résistance et de riposte », « rassembler » – l’ambition des communistes régionaux se résume quasiment à trois mots : sauver les meubles. Grâce à son pacte, Jean-Marc Coppola est en mesure de défendre sa douzaine de communes (Martigues, Aubagne, Gardanne…) et quelques sièges sur Marseille, quitte à partir avec un UMP tendance Pasqua rallié à Guérini. Dans les Alpes-Maritimes, Robert Injey croit pouvoir reconduire ses deux conseillers généraux. Dans l’ancien Var rouge, Jean Hennion espère préserver ses sept ou huit derniers maires PC tendance gauche unie (Carnoulles, Puget Ville…). Côté conquêtes, les appétits sont encore moins ambitieux : La Trinité dans les Alpes-Maritimes (tête de liste gauche unie, à l’exception de la LCR) ; La Ciotat dans les Bouches-du-Rhône (en cas de primaire victorieuse contre la liste PS) ; La Garde (tête de liste gauche unie) et Brignolles (en cas de primaire victorieuse contre la liste PS-MoDem) dans le Var.
« Certains militants croient toujours qu’on pèse plus que la réalité. », reconnaît Jean-Marc Coppola. Après ce scrutin, et une nouvelle photographie de l’influence réelle du PCF, les communistes devront peut-être enfin choisir entre le PS et sa gauche.
J-F. P.