Nice : Salade de crabes
Le score est sans appel. Le 25 septembre, Patrick Allemand, secrétaire de la fédération socialiste des Alpes-Maritimes, a été investi à 95 % par les militants socialistes de Nice. Seul hic, il n’y a eu que 391 votants sur 2 069 adhérents inscrits. Un désaveu ? Le premier vice-président du Conseil régional le récuse : « Si Patrick Mottard [ex-président socialiste du groupe d’opposition Nice plurielle au conseil municipal, conseiller général et candidat sans étiquette à la mairie] avait accepté de se présenter devant le vote des militants, il y aurait beaucoup plus de participation » (Nice Premium, 26/07/07). Peut-être, mais pas obligatoirement en sa faveur. Car Patrick Mottard a réussi durant toute la seconde mandature de Jacques Peyrat, sénateur UMP, à installer une bonne entente au sein de la gauche niçoise. Une expérience qui lui donnait une légitimité certaine pour 2008. Ce qui est beaucoup moins le cas depuis qu’il a décidé de mener sa propre liste aux municipales, « indépendante, clairement identifiable à gauche, mais ouverte à la société civile et à tous ceux qui partagent notre projet et notre ambition pour Nice » (Nice Premium, 07/09/07). Un choix qui a étonné plus d’un de ses anciens partenaires. « Il l’a fait seul alors que nous avons travaillé pendant six ou sept ans ensemble », regrette Robert Injey, secrétaire départemental du PC et conseiller municipal, qui ne sait plus aujourd’hui à quel saint (Patrick) se vouer. Alors que le communiste plaide pour une Nice plurielle encore plus à gauche, les deux frères ennemis ne cachent pas leur intention, très en vogue depuis les présidentielles, d’ouvrir leurs listes au Modem. « Je présenterai une liste de rassemblement de gauche, mais ouverte à la société civile. Quand on fait le choix de gérer la cinquième ville de France, on ne peut pas se présenter sous une étiquette, se justifie Patrick Allemand. Je veux convaincre les Niçois que le seul vrai changement, la rupture, ne peut venir que de la liste que je conduis. » Problème : à Nice tous les candidats, sauf le sortant, sont sur cette ligne. Y compris Christian Estrosi, secrétaire d’état à l’Outre Mer et président du département, de plus en plus tenté de prendre la tête de la droite locale, « Nouveau centre » compris et son leader Rudy Salles (ex-UDF, ex bayrouiste). Avec ou contre Jacques Peyrat qui pourrait alors être tenté de repartir avec ses anciens amis frontistes. Ce qui n’aurait plus vraiment d’importance tant Estrosi, l’ami de 30 ans de Sarkozy, parait imbattable.
J-F.P.