Du rififi chez les seniors
Les sénateurs sont désormais élus pour une durée de 6 ans, l’ancien mandat de 9 ans n’ayant plus cours. Comme tous les sénateurs ne sont pas renouvelés en même temps, les élections du 26 septembre ne concernent que les départements situés à la fin de l’ordre alphabétique. Dans notre région cela signifie que seuls le Var et le Vaucluse sont concernés. Les sénateurs sont élus par un collège d’élus locaux issus à 95 % des Conseils municipaux. Les députés, conseillers régionaux et conseillers généraux participent au vote mais n’ont qu’un pouvoir marginal puisqu’ils ne représentent que 5% de l’électorat. A titre d’exemple, le corps électoral est ainsi composé dans le Var des 7 députés, des 25 conseillers régionaux élus dans ce département, des 43 conseillers généraux et de 1740 délégués des Conseils municipaux… Le tableau est similaire dans le Vaucluse où les délégués des Conseils municipaux représentent 1135 des 1177 électeurs.
Ainsi, la vague rose, qui a vu basculer à gauche quasiment tous les Conseils régionaux et de nombreux Conseils généraux (dont celui du Vaucluse), n’aura donc qu’un impact très faible sur l’issue des élections, les valeureux Conseils municipaux étant très majoritairement acquis à la droite depuis toujours. Le mode de scrutin dépend du nombre de sénateurs à élire. Ce nombre dépend lui-même de la population du département. Le scrutin proportionnel s’applique dans les départements auxquels sont attribués quatre sièges de sénateurs ou plus. Pour les autres, possédant moins de quatre sièges à pourvoir, le scrutin est un scrutin majoritaire à deux tours. Dans le Var, qui passe de trois à quatre sièges à pourvoir, les candidats s’affronteront à la proportionnelle. Tandis que dans le Vaucluse, qui voit également son nombre de sièges augmenter brillamment de 2 à 3, le scrutin sera majoritaire.
Dans le Var, le plus jeune de la bande est sans conteste André Geoffroy qui dépasse à peine la soixantaine. Il faut dire qu’il succède à Hubert Falco qui lui a cédé la place pour occuper un poste au gouvernement. Il est suivi de près par François Trucy qui, lui, va sur ses 74 ans, après un mémorable passage par la mairie de Toulon. Le trio est complété par René Georges Laurin qui, lui, a déjà dépassé les 84 ans et passe là une retraite bien méritée après avoir dirigé la mairie de Saint-Raphaël. Malgré, l’amicale pression qui pèse sur lui, René Georges ne se représente pas cette année. Ces très sérieux messieurs sont tous trois membres de l’UMP. Il faut dire que la fonction de sénateur ayant l’intérêt de ne pas nécessiter un investissement énorme en temps et d’offrir quelques avantages, elle est beaucoup courtisée par les maires des grandes villes.
Quoiqu’en disent les mauvaises langues, il y aura du sport en septembre puisque l’ancien maire de Toulon, François Trucy, qui traîne toujours le boulet de sa défaite face au Front national, proposera sa propre liste soutenue par l’UDF. Le vote de l’extrême droite pourrait bien faire pencher la balance en sa faveur. Puisque notre digne Trucy n’hésitait pas à déclarer en 1986 que dans sa belle ville de Toulon : « Il y a en ce moment une race qui en chasse une autre ; c’est comme les fourmis rouges d’Argentine qui ont chassé les fourmis noires de Provence. Je suis simplement pour le retour des Toulonnais dans Toulon ». Un homme aussi éclairé mérite bien le soutien de l’UDF, en plus des sympathies de l’extrême droite…
En face, on trouve la liste menée par Hubert Falco qui signe là son grand retour au Sénat, tout comme Raffarin à ce que l’on dit. Petite nouveauté, dans le Var les listes devront obligatoirement comporter autant d’hommes que de femmes… Du coup la liste Falco comporte deux femmes, Christiane Hummel et Véronique Guérin. De mémoire de sénateur, on n’avait jamais vu une femme élue dans le département.
Tous ces braves gens sont pourtant membres du même parti, l’UMP, mais la « machine à gagner » a parfois des ratés. Que voulez-vous, devant l’importance du Sénat pour la démocratie française, on comprend que ses plus fidèles serviteurs soient si prompts à proposer leurs services. A gauche, c’est Pierre-Yves Collombat (conseiller général de Callas et maire de Figanières) qui s’y colle, avec le fol espoir que les divisions de la droite et le scrutin proportionnel permettront de faire élire un sénateur de gauche dans le Var. On peut rêver.
Dans le Vaucluse, nos deux fringants sénateurs sont Alain Duffaut, né en 1944 et membre de l’UMP, et Claude Haut, l’actuel Président PS du Conseil général du Vaucluse (et ancien maire de Vaison-la-Romaine). La liste du parti socialiste sera emmenée cette fois par Marie-Christine Lienhart en tandem avec Gérard Zbir Pour l’UMP ce seront Alain Dufaut, Jean-Claude Andrieu et Alain Milon qui iront se (re)présenter devant les grands électeurs. Guillaume Hollard
Combien ça rapporte
La rémunération d’un sénateur comprend plusieurs volets. L’indemnité parlementaire s’élève, au 1er mars 2002, à 5 169,40 ? brut par mois. De plus, les sénateurs perçoivent une indemnité de résidence (155,08 ?) et de fonction (1 331,12 ?), soit un total brut de 6 655,60 ?. Ils bénéficient d’une indemnité représentative de frais (5 553 ? par mois) pour leurs frais de secrétariat.
Enfin, ils ont un crédit destiné à payer leurs collaborateurs (7 569 ? par mois). La gestion de cette somme est dévolue à l’Association pour la gestion des assistants de sénateurs (AGAS) qui gère l’enveloppe des collaborateurs. Si celle-ci n’est pas totalement utilisée, elle reste acquise à l’AGAS. Enfin, les parlementaires ont divers avantages : 40 allers-retours par an entre Paris et la circonscription en métropole ; un système de retraite très avantageux. Le cumul des mandats peut générer des ressources dans la limite de 2 584,70 ? par mois. G.H.