la guerre des sigles
Dans les Bouches-du-Rhône, la Communauté du pays d’Aix (CPA) commence à faire parler d’elle. Certes, ses démêlés avec le Conseil général du 13 sur certaines lignes de transports en commun ont fait d’elle l’un des sujets qui préoccupent les élus du département… Il n’y pas que cela… Aujourd’hui, la CPA s’étend sur 34 communes. Elle grignote peu à peu du territoire… Au service de la communication, on laisse entendre que Villelaure (84), Gréasque et Cadolive postuleraient pour y entrer…
Mais l’extension presque inexorable de cette communauté risque de ne pas s’arrêter là ! Il se pourrait que Gardanne soit, à contre-c?ur, l’une des prochaines recrues… Alors que la municipalité gardannaise tente vainement depuis 2003 de créer une nouvelle intercommunalité avec la communauté d’agglomération du GHB (d’Aubagne) et la communauté de communes de l’Etoile-Merlançon, elle se trouve confrontée à un refus de la part du préfet… Pire ! Il semblerait qu’elle n’ait d’autre choix que celui d’entrer à la CPA, comme, en son temps, feu Laurent Chazal, maire de Meyreuil (1) …. Or, en mars 2003, le maire PC de la ville de Gardanne, Roger Meï, s’offusquait : « On ne peut exister dans une énorme intercommunalité de 35 communes, plus de 300 000 habitants car là, c’est la grande ville qui décide ; d’ailleurs je tiens à disposition des articles de presse et des délibérations de municipalités de droite pour la plupart qui s’en plaignent. »(2)
Les inquiétudes du maire gardannais sont-elles fondées (3) ? Peut-être… D’autant que la grogne commence à monter chez quelques maires de petites communes qui voient se construire nombre d’infrastructures sportives ou culturelles dans la ville centre (Aix). Les mêmes déplorent que le conseil communautaire soit envahi par les élus aixois (48 conseillers)… Et le mécontentement ne saurait s’apaiser, à en croire François-Xavier De Peretti (vice-président de la CPA et élu UDF aixois) : « Pour la première fois, la dotation de solidarité communautaire, qui est reversée à chaque commune, a été gelée… Certains maires se réveillent avec la gueule de bois ! » D’où le résultat du vote sur les orientations budgétaires du 8 décembre, que pointe ce dernier : « 40 personnes (ndlr : sur 143 conseillers), de tous bords, n’ont pas approuvé ces orientations. » Pour sa part, F-X. De Peretti regrette « une gestion désastreuse de la CPA ». Et de se livrer à une attaque en règle : « En principe, l’intercommunalité doit permettre de faire mieux et moins cher… Or, par une alchimie étrange, c’est le contraire qui se produit… En trois ans, le coût de l’enlèvement des ordures ménagères est passé de 17 millions à 33 millions (…) Il y a une explosion d’embauches à la CPA : il n’y avait que 80 salariés en 2000, ils sont 850 fin 2005… » Enfin, toujours selon le turbulent élu UDF, les domaines d’intervention de la CPA seraient trop étendus. Il y aurait confusion entre vocations communautaire et municipale… Un propos qui reste à nuancer, comme semble le suggérer le directeur général des services de la petite commune de Meyreuil : « La nouvelle municipalité (sans étiquette politique) travaille dans le même sens que la CPA. »
Enfin, tout cela ne trouble pas la présidente de la CPA. Dans le dernier bulletin de la communauté urbaine (oct-déc 2005), Maryse Joissains se félicite d’une « croissance supérieure à la moyenne nationale » et vante les mérites de la future implantation d’ITER sur son territoire. Avec le renfort de « l’énergie des étoiles », plus aucune raison de s’inquiéter : la force est certainement du côté de la CPA ! Il suffit d’y croire…
Adèle Monlairjih