La petite maison dans la zermi
Paca, un désert médical ? Certes non. Mais, en témoignent les fermetures nocturnes des urgences à Manosque, les Alpes sont particulièrement fragiles et l’offre de soins problématique. Comme les réponses apportées ? A voir. Casque de chantier et de rigueur, Castaner était encore député et Joël Giraud secrétaire à la ruralité pour faire la com’ de la future – et nouvelle – maison de santé (MSP) de Sisteron. Un projet d’un million d’euros, financé à 50 % par l’État (avec la Région). Mais, pour dénicher les médecins, il a fallu faire appel pour 9000 euros à un cabinet de recrutement dans une ville où d’après le maire « l’offre médicale est plus que tendue ».
L’été dernier, c’est la MSP de Castellane qui se fendait d’une petite annonce façon « SOS médecins ». Pas de surprise pour le docteur à la retraite Bernard Gache, à l’origine de la MSP de Forcalquier : « J’y suis encore pour faire du lien car, vu le manque de médecins, ils sont tous à bloc. » Et rappelle qu’il a fallu « plus de deux ans pour la monter ». Lui déplore « le manque de coordination. On voit des maires, chacun dans leur coin, lancer leur projet. Or, pour monter de telles structures, il faut se coordonner. Voir les attentes, les besoins. Et s’il y a un noyau ! » D’ailleurs, dans la ville, bruisse la rumeur d’un projet de nouvelle MSP. Le 1er adjoint, pharmacien dans le civil, assure ne pas en être. Et que ce n’est pas une MSP. Même tonalité à la mairie où l’on nous dit qu’il est « trop tôt » pour communiquer. Tout en précisant : « Nous avons déjà une MSP… »
A l’Agence régional de la santé, qui en recense une centaine en Paca et une trentaine en projet, Charlotte Grimaldi, responsable au sein de la direction des soins de proximité, rappelle que, pour ouvrir une MSP, « il faut un projet de santé et, à minima, deux médecins ». Mais, note son collègue des Alpes-de-Haute-Provence, François Bernier, « pour recruter, les incitations ne suffisent pas. Et, du côté de l’État, face à des dispositifs coûteux, on nous dit qu’il va falloir prioriser ».
D’où la volonté de davantage de coordination. Et la mise en avant d’autres dispositifs comme les « équipes mobiles » ou les « maisons médicales de garde » : « Il n’y a pas de solution-type », martèle François Bernier. Charlotte Grimaldi, elle, insistant : « Côté élus, tout le monde veut sa maison de santé. Mais une MSP, c’est un projet de santé, pas un projet immobilier ! »
Un constat pas si éloigné de celui de Cédric Volait, coordinateur régional « Santé » pour la CGT : « Avec les maisons de santé, on voit des maires investir dans des locaux, du matériel… Or, ce n’est pas forcément ce que les médecins attendent. Et c’est souvent de la com’ voire des coquilles vides. » Lui préférerait des « centres de santé publics rattachés aux hôpitaux ». Reste que, pour le syndicaliste, « ce que fait l’ARS, c’est du bricolage. Face à la pénurie, on remet en place ce qui n’a pas marché face au Covid. Rappeler les retraités, faire appel aux étudiants… » En tête, ce conseil qu’avait lancé depuis Marseille l’ancien 1er ministre Jean Castex : « Le meilleur moyen de soulager l’hôpital, c’est de ne pas tomber malade. »