Chez les racistes
La présidentielle est derrière nous mais pas le racisme latent qui a cimenté le vote massif pour Marine Le Pen et Eric Zemmour. Au nom de la race permet, en plongeant dans les marges radicales de l’extrême droite, celle des suprémacistes français, de mieux comprendre le fonctionnement complexe de la fachosphère. Valentin Pacaud, l’un des auteurs de cette imposante enquête, s’était déjà fait brillamment remarquer en infiltrant pour le Ravi la section marseillaise de l’Action française.
Cette fois-ci, avec Delphine-Marion Boulle, et un complice lui-même infiltré, il documente avec talent le groupuscule structuré autour de Daniel Conversano. Ce Youtuber, ancien compagnon de route de Dieudonné, a connu son heure de gloire lors d’un pugilat avec Alain Soral. Adepte de Zemmour, il jure dans un univers « viriliste » en prônant une action non violente face au supposé « grand remplacement » : un repli stratégique en s’expatriant en Europe de l’Est, fantasmée comme ethniquement plus pure, afin de sauver la race blanche en favorisant entre « Braves » des couples non mixtes.
L’essai nous entraîne au plus près des délires – colorés de misère affective et de paranoïa – d’hommes, surtout, ainsi que de femmes regroupés par un savant usage des réseaux sociaux. Avec une étonnante plongée un été dans le « camp des Gaulois » où l’on retrouve un militant racialiste marseillais, Mr Perfect, venu enseigner les techniques pour échapper à la police…
Au nom de la race, de Delphine-Marion Boulle et Valentin Pacaud, éditions Robert Laffont, 287 pages, 19,90 euros.