Moi, Karine Le Marchand, en campagne…
Après avoir fait des dérapages plus ou moins contrôlés avec les engins de chantier électriques dont elle fait la promo sur Instagram (1) – défonçant au passage et allégrement le terrain du Domaine des Belles Âmes dans l’arrière-pays aixois qu’elle était censée retaper avec le soutien du Conseil régional – Karine Le Marchand, ou « Tata Kaka » (2) pour les intimes, éventre par erreur la tombe de sa petite chienne Rose, morte écrasée il y a un an (3), répandant les restes du cabot sur le parterre éco-responsable destiné à accueillir géraniums et plans de tomates plus ou moins bio.
– Oh, ma chérie ! Y en a partout ! J’en rate pas une. Note, comme on dit dans L’amour est dans le pré, ça f’ra toujours de l’engrais ! C’est pas pour des prunes que Stéphane Le Foll m’a nommée chevalier dans l’ordre du Mérite agricole. C’est « pour service rendu à l’agriculture » ! « J’ai été surprise qu’on me la propose. Sur le papier c’est même plutôt risible qu’une citadine comme moi reçoive cette distinction, mais je n’en ris pas, bien au contraire. » (4)
Y a pas qu’avec les agriculteurs que j’ai la cote. Les politiques aussi ! Et mon chouchou, ici, c’est Renaud Muselier qui m’a nommée « ambassadrice pour la région Sud pour l’agriculture et l’éco-responsabilité : je vais pouvoir défendre l’intérêt des agriculteurs qui me sont chers, proposer des idées et des actions concrètes pour faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique ». Attention : « Il ne s’agit pas d’engagement politique. Je souhaite agir. L’éco-responsabilité est un chemin ! » Et « je suis persuadée que pour changer les choses, il ne faut pas culpabiliser les gens mais au contraire les encourager ». (5)
Et j’ai pas choisi « Le Marchand » par hasard. Pour rénover ma petite masure aixoise, la région devait m’octroyer une subvention de 117 000 euros. Car c’est un projet « pédagogique de rénovation énergétique. Mais je ne fais pas payer ma maison par la région, ni mon parquet, ni les travaux, ni l’électricité […] Je suis désolée, il n’y a pas de loup ! » (6) La Région a dû se fendre d’une « clarification » pour expliquer que cette rénovation « permettra de tester des technologies en lien avec l’éco-responsabilité ». Et si je suis « ambassadrice », c’est pas que pour faire « la promotion de la stratégie une Cop d’avance » mais aussi parce que je suis « une spécialiste ». (7)
Devant le « bad buzz », j’ai fait machine arrière : « Puisque je suis instrumentalisée par des journalistes ou des partis politiques, je vais renoncer à cette demande de subvention. Comme ça, le truc est terminé. Je vais me débrouiller comme une grande et je vais continuer à faire mon petit projet. » (8)
« Il n’y a pas de loup ! »
J’en suis pas à mon coup d’essai. Y a deux ans, j’étais marraine du débat public sur l’agriculture, imPACtons. Parce que « en France, nous sommes très forts pour râler et nous rebeller » mais « pour la première fois, nous allons pouvoir aussi proposer : si les Français s’emparaient de ce droit-là, ce serait formidable ! » (9) Comme je le dis dans ma vidéo : « Je sais pas si on va être entendu. Mais au moins, on aura essayé, on se sera exprimé ! » (10)
La politique, c’est mon dada ! Mais attention, on est sur M6. Moi, je suis un peu un mélange de Christine Bravo, Jacques Pradel et Laurent Boyer. Et Une ambition intime, c’est un peu le Fréquenstar des politiques. « Avant, je n’avais rencontré qu’un seul homme politique : Bruno Le Maire. Lors d’un dîner. La soirée s’est terminée par un concours de blagues grivoises. J’ai gagné ! » (11) C’est mon côté « Grosses Têtes« …
Zut à la fin ! « Je voulais sortir de la caricature. La question est simple : comment ramener à la politique des gens qui sont dans une défiance totale ? » (11) Facile : en interrogeant Fillon sur ses… « sourcils » ! (12) Pff… On m’a même accusée de « rendre sympathique » Marine Le Pen : « Je fais des portraits humains de gens avec la même bienveillance, le même recul et la même écoute. J’ai l’impression d’être au tribunal parce que j’ai fait Marine Le Pen. J’étais obligée de la faire. Sinon, on interdit le FN et on ne l’invite pas. » (11)
Je l’ai d’ailleurs à nouveau invitée pour mon émission spéciale « femmes politiques » avec Dati, Pécresse, Hidalgo, Schiappa… Marine, elle vit depuis 5 ans en coloc’ : « C’est super moderne de vivre avec une copine ! » (13) C’est sûr, « je n’aurais jamais pu faire cette émission si j’avais été encartée à France Inter. Mais moi, je n’ai pas de ligne éditoriale et M6 n’est pas politisée. » (14) Faut arrêter : « Ça fait longtemps que la politique est désacralisée ! » Et « les journalistes politiques très formatés ». Alors que tout le monde le sait : « Jacques Chirac n’a pas été élu pour son programme mais parce qu’il était sympa et qu’il mangeait des pommes » ! (15)
Vous croyez que j’ai appelé ma boîte Potiche Prod par hasard ?! Attention, j’fais pas que de la télé. J’ai écrit plusieurs livres : « Devenir heureux… ces épreuves qui font notre force », « L’amour est tout près »… J’ai lancé « Smilerun », une « appli » de running. Je fais aussi du « conseil en image » et même une déclinaison « corporate » de mon émission. Oui ! Une ambition intime… « au service des dirigeants d’entreprise » afin de dévoiler « le parcours professionnel de ces patrons et les valeurs de leur entreprise avec humour et bienveillance ». (16) J’ai aussi produit un documentaire sur les braqueurs. C’est sûr, côté braquage de l’argent public, je suis une vrai spécialiste !
Faut bien que je m’occupe. « Après janvier, c’est l’égalité des temps de parole » (17), donc pas possible de remettre le couvert avec Une ambition intime. Dommage. J’aurais bien fait une émission spécial « petits candidats ». Parce que « Montebourg n’est pas du tout hautain, il est drôlissime » (11). Ah, c’est vrai, il s’est retiré. Mais, imaginez : Faire un « poutou » à Philippe, discuter « gastronomie » avec Fabien Roussel, aller chez l’orthophoniste avec Jean Lassalle… Et écouter du Francis Lalanne avec Jean-Marc Governatori ! Ah, Jean-Marc, j’suis sûre qu’il aurait des conseils à me donner pour retaper mon domaine. Ou pour décrocher une subvention au Conseil régional. Parce que lui aussi, c’est un copain de Renaud ! C’est le patron de l’Office environnemental régional de proposition et d’action. Et candidat à la présidentielle. Karine Le Marchand, pour un écolo libéral, c’est l’idéal, non ? J’partirais bien en campagne, moi…
Débat à vif !
« Ultra sexiste », la caricature de Karine Le Marchand, un dessin pouvant être interprété comme une sexualisation gratuite de la femme ramenée à son corps ? Ou, au contraire, une satire légitime d’une personnalité publique qui surfe volontairement sur les clichés de la femme objet afin de « braquer » l’audimat et l’argent public ? Le débat a été vif au Ravi sur l’opportunité de publier le dessin de Trax, notre dessinatrice. N’hésitez pas à le poursuivre avec nous (redaction@leravi.org) !