(Re)naissance dans les marais : Parc naturel régional de Camargue
« Avec le vote de la loi sur les parcs nationaux en avril, le syndicat est confirmé. » Loin d’être anodine, cette décision est un vrai soulagement pour Didier Olivry, son directeur. Malgré sa création en 2004, les opposants au syndicat, emmenés par Roland Chassain, député UMP et maire des Saintes-Maries de la Mer, n’avaient jamais baissé les armes. Ils souhaitaient en effet que la fondation privée qui a dirigé le parc de 1978 à 2001, majoritairement composée de propriétaires (riziculteurs, manadiers, éleveurs de chevaux) et des Salins du Midi, garde un rôle prépondérant dans sa gestion. Une option repoussée par Michel Vauzelle qui souhaitait mettre fin à cette particularité locale. Longtemps silencieux sur le sujet, l’Etat a enfin tranché et le directeur du parc peut désormais se replonger dans ses dossiers.
Et à l’écouter, il n’en manque pas. De son ouverture vers l’Est (Port-Saint-Louis-du-Rhône et Plan du Bourg) et à la Camargue gardoise, en passant par la démoustication, les crues du Rhône, l’enfoncement du territoire dans la mer (il annonce moins 10 mètres de plages par an aux Saintes-Marie de la Mer) et les conséquences écologiques des problèmes économiques de certaines activités agricoles, son agenda est bien chargé. Particulièrement sensible, cette dernière problématique fait partie de ses principales préoccupations. « Les difficultés actuelles de la filière rizicole sont un vrai problème. Sans les 400 millions de m3 d’eau douce qu’elle injecte chaque année, il y aurait du sel partout », rappelle ainsi le directeur du parc, persuadé que l’Europe doit prendre en compte cet argument pour accorder des indemnités compensatoires aux riziculteurs.
Menacée sur terre, la Camargue l’est également sur mer. « Depuis quelques années, les chalutiers de Martigues et du Grau du Roi viennent pêcher en zone protégée et emportent tout sur leur passage, les alevins comme les filets des artisans de la mer. Tout le monde est ulcéré, mais l’administration de la pêche ne verbalise pas », poursuit Didier Olivry. Une urgence de plus qui ne semble pourtant plus l’inquiéter. En accord avec les autres acteurs du parc, un dossier de création d’une aire marine protégée a été constitué et devrait aboutir d’ici 2 ou 3 ans. Signe de renaissance et de reconnaissance : la fédération nationale des parcs régionaux a choisi la Camargue pour tenir, début octobre, son congrès annuel…
J-F.P.
Bouches-du-Rhône. 2 communes. 84 800 hectares sur terre, 34 300 sur mer. Créé en 1970. 7436 habitants.