« S'émanciper du mythe de la neutralité journalistique »
Amélie Mougey
Rédactrice en chef de La revue dessinée
« Je connais encore des gens qui, lorsque je leur dis où je travaille, s’étonnent en affirmant que la « la BD, c’est pour les enfants » ! Mais comme le montre l’existence de La revue dessinée depuis huit ans, mais aussi les nombreux albums de BD documentaires dans les rayons des librairies, le genre a désormais acquis sa légitimité pour parler de sujets journalistiques, de choses sérieuses. Et c’est parti pour durer !
Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours. Une BD rend accessible des sujets qui sont parfois complexes. La sensibilité des dessinateurs et des dessinatrices, s’y exprime, celle d’artistes qui apportent une dimension plus incarnée avec des personnages et des histoires. La subjectivité est inhérente au dessin. Un reportage dessiné assume de façon explicite le regard des auteurs, ce qui apporte une singularité dans le traitement de l’information. Du coup, cela permet de s’émanciper du mythe de la neutralité journalistique. Quand on coupe, cadre et dessine, cela passe à travers le regard d’une personne avec sa vision du monde. Ce qui n’est pas contradictoire avec garder l’exigence déontologique du journalisme, de l’enquête.
Tous les sujets sont possibles même si certains sont plus difficiles que d’autres. Quand il y a de vrais méchants, des personnages hauts en couleur, de l’action, c’est génial. Mais pour des thèmes moins concrets, plus analytiques on peut aussi utiliser la BD avec d’autres styles graphiques et autres modes de traitement. La palette des auteurs est suffisamment large pour pouvoir parler de tout ! »
Pour fêter le 18e anniversaire du Ravi, de grands témoins commentent des Unes marquantes ou des rubriques emblématiques dans le 200ème numéro du régional pas pareil qui ne baisse jamais les bras…