Danse avec la « petite Amal » !
« Maman y a Amal qui arrive j’ai peur » chouine une petite tête blonde couchée dans le sable de la plage des Catalans à Marseille, ce mercredi 22 septembre. Une très grande silhouette de 3,5 mètres, à la peau matte, avec des tresses d’une petite fille, apparait en effet au loin. C’est la « petite » Amal, une marionnette géante qui a déjà beaucoup voyagé, depuis la frontière syrienne en Turquie en juillet dernier, en passant par la Grèce, l’Italie, pour un périple européen vers Manchester en novembre prochain. Elle doit parcourir plus de 8 000 kilomètres.
Ce projet, sous la direction artistique de la metteuse en scène Amir Nizar Zuabi, qui s’intitule « The Walk » est né de la collaboration entre l’ONG britannique Good chance et la Handspring Puppet Compagny. Le but de cette grande marche est de mettre sur le devant de la scène la crise des réfugiés qui fait de nombreuses victimes à travers le monde. Amal est le symbole d’une petite fille syrienne immigrée. Elle est arrivée en France en faisant étape à la communauté Emmaüs de Breil-sur-Roya dans les Alpes-Maritimes, accueillie par Cédric Herrou, figure de la défense des réfugiés, avant de passer par Toulon et de débarquer à Marseille sur le parvis du Mucem.
Aux Catalans, le grand moment est arrivé, un téléphone sonne 18 heures. Une foule l’attend impatiemment autour d’un rectangle dessiné sur le sable chaud. Le quadrilatère, face à la mer, symbolise le radeau sur lequel Amal est arrivée en Europe. Les rayons du soleil se reflètent sur les caméras qui l’attendent. Une vraie star ! Elle marche tout le long du ponton qui l’amène jusqu’au radeau. Le silence s’installe. La marionnette se tourne vers la mer où son père est mort sur le chemin de l’espoir comme de nombreux migrants naufragés.
Tous les regards sont braqués sur elle. Une quinzaine de ses amis habillés de gilets de sauvetage la rejoignent sur le radeau. Ce sont des danseurs professionnels et amateurs. Ils sont de toutes les couleurs, de toutes les ethnies. Ils font partie de la compagnie « Le Va et Vient des Vagues » qui regroupe 50 danseurs locaux, aux origines aussi variées que leurs âges. Leur danse évoque les émotions des exilés : la tristesse d’avoir perdu des êtres chers, la peur, mais la joie également ! Celle d’être encore en vie, de pouvoir espérer en l’avenir. La musique devient plus rythmée et énigmatique. Les amis de la petite Amal s’approchent d’elle pour la réconforter. La fin approche, les danseurs recommencent leurs courses effrénées comme au début du spectacle. Tout se termine par une ronde et – pied de nez aux drames qui endeuillent la méditerranée – par un plongeon dans l’eau !