Envies de sens
Ce n’était jamais arrivé : la saison estivale démarre avec, simultanément, les deux festivals les plus emblématiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le théâtre repart à l’assaut des remparts d’Avignon pour sa 75ème édition. Tchekhov a les honneurs de la cour du Palais des papes pendant que la caravane bariolée du Off déboule à nouveau dans les rues de la ville. Au même moment, le 74ème festival de Cannes, reporté de trois mois, envoie du lourd sur la Croisette avec Spike Lee pour présider le jury…
Comme autant d’alcooliques, trop longtemps sevrés par la fermeture des terrasses, nous sommes assoiffés : l’envie de mots, d’images, d’histoires, d’idées, de sons, de sens, de foule, de rencontres, de plaisirs, monte au rythme de la température. Car même si l’été 2020 était déjà déconfiné, la quasi totalité des festivals avaient été sabordés. Les revoilà cette fois-ci partout d’Arles à Nice, de Marseille au sommet des Hautes-Alpes.
Il n’est pas interdit de rester lucide en constatant que, comme avant, la culture est un marché et de nombreux festivals de purs produits pour divertir les touristes. La longue occupation des théâtres n’a pas dissuadé le gouvernement de renoncer à sa réforme, pourtant censurée par le Conseil d’État, visant à réduire les allocations chômage des plus précaires. « Le théâtre ne peut pas sauver le monde. Mais il peut sauver l’espoir de sauver le monde. » La formule est d’Olivier Py, le directeur du In, lors d’une Grande Tchatche avec le Ravi. Que le spectacle recommence !