Ritals
Les immigrés, des délinquants en puissance, nous volent le travail ! C’est ce que martèle la « Ligue ». Hier, la Ligue de la patrie française désignait les « ritals » comme la source de tous les problèmes dans le Sud-Est. Où, en cet été 1893, une vingtaine d’Italiens trimant aux Salins du Midi furent lynchés. Aujourd’hui, c’est une autre Ligue d’extrême droite, au pouvoir en Italie, qui veut chasser les migrants et entrave ceux qui tentent de les sauver de la noyade.
En 1911, 86 % des immigrés dans les Bouches-du-Rhône étaient italiens, 74 % dans les Alpes-Maritimes. Ils ne pèsent plus que 12 % en Paca et pointent en troisième position derrière les Algériens et les Marocains, soit encore plus de de 60 000 personnes. Mais par le jeu des naturalisations et en incluant tous ceux dont les racines sont transalpines, le poids culturel, économique et politique des « Italiens » dans la région reste considérable. Souvent pour le meilleur et parfois pour le pire, à l’image du caricatural Eric Ciotti qui a fait de la xénophobie son fonds de commerce.
La remilitarisation de fait de la frontière, l’alliance acrobatique entre les populistes du Mouvement 5 étoiles et la Ligue de Matteo Salvini, l’effondrement du pont à Gênes, mais aussi, dans un registre plus souriant, le dynamisme des Italiens qui n’ont pas la moindre envie de renouer avec les heures sombres de leur pays, nous concernent directement. Alors disons-le en chantant : on est ritals et on le reste !