L'Aprés M. en appelle au peuple
« Nous sommes l’après M, et nous aurons les clés, avec le peuple, avec Marseille ! » entonne la petite foule présente ce samedi 15 mai lors de la manifestation de soutien à L’Après M, pour le lancement de la Société citoyenne immobilière (SCI) « La Part du Peuple ». L’objectif ? Le rachat du MacDo, fermé depuis sa liquidation judiciaire en 2019, pour en faire un « fast-social-food », un restaurant économique et social au sein duquel tous les anciens employés – une quarantaine – pourront être embauchés. Toutes et tous ont deux mois pour adhérer à hauteur de 25 euros à la souscription en ligne lancée par le collectif. Là encore, dans un esprit de solidarité, il est possible d’acheter plusieurs parts qui seront ensuite redistribuées à ceux n’ayant pas les moyens financiers d’adhérer.
Lieu de mixité sociale
Autour du MacDo Saint Barthélémy à Sainte Marthe, repeint aux motifs multicolores, les légères averses de pluie n’ont pas gâché la fête. « On attendait à peu près 1000 personnes, et ça circule bien, il y a du peuple ! » se réjouissent Francis et Livia, membres de L’Après M depuis le début. C’est donc dans une ambiance joyeuse qu’a été lancé ce deuxième acte, après l’occupation du site et une longue bataille syndicale et citoyenne. Des groupes de musique de tous âges se succèdent sur la petite scène éphémère, des jeux sont proposés pour les enfants, des ateliers de maquillage, des stands de nourriture et de boisson. Se mêlent habitants des quartiers Nord, du centre ville de Marseille, enfants comme adultes, mais aussi des soutiens venus de beaucoup plus loin.
Une journée à l’image des valeurs que prône le collectif : « C’est un lieu intergénérationnel, de mixité sociale. Ça apporte de la plus-value dans les quartiers nord où on a besoin d’un lieu d’échange et de mixité, de brassage de gens de tous horizons car on est tous des êtres humains quel que soit notre classe sociale » s’exclame Lydia, membre de L’Après M depuis peu, qui s’occupe principalement de l’aide alimentaire au bénéfice de 2 000 personnes par semaine. Depuis le premier confinement, le MacDo est en effet devenu une plateforme d’entraide, mission que L’Aprés M. souhaite prolonger.
Une lutte héroïque
Le lieu, ses luttes, ses actions solidaires et maintenant ce premier rachat citoyen d’un ancien MacDo, sont déjà devenus un symbole bien au delà de Marseille. Eric est venu du Vaucluse pour soutenir le projet de L’Après M et parler de son association, Au maquis. « On voudrait créer une sécurité sociale de l’alimentation, qui aurait pour but de donner le droit à tous les habitants du territoire d’avoir accès à cette alimentation », imagine-t-il. Des membres des Ballons Rouges, à Aubagne, sont également présents : « c’était très important d’être là et d’adhérer à la SCI. Ce qu’ils ont fait pendant la pandémie, c’était magique ! Déjà avant, leur lutte était héroïque. »
La transition en cours, de l’occupation au rachat du MacDo, donne aussi de l’espoir aux habitants du quartier. Nassera et Farida, venues pour en apprendre un peu plus sur le projet qu’elles suivaient de loin, ont été conquises et ont adhéré à la SCI : « ça nous permet de voir la réalité des choses, qu’ils existent vraiment, et c’est très intéressant, ça va créer de l’emploi. » Comme tout le monde ici, elles trouvent le travail mené par les bénévoles « très bénéfique pour le quartier, les gens savent que le lundi ils auront de quoi manger ». Et il leur semble indispensable que cette action se poursuive : « ça sera très bien car malheureusement il y a de plus en plus de pauvres, et les politiques, faut pas se cacher, ils ont jamais soutenu la population ! » Le collectif de L’Après M., pour assurer une gestion démocratique du projet, a décidé que les membres du conseil d’administration seront tirés au sort…
Guillaume et Anaïs, bénévoles depuis quelques mois, sont agréablement surpris de l’engouement suscité par cette première journée de l’Acte 2 : « c’est exceptionnel, c’est une belle concrétisation ! Ça fait chaud au cœur ! » Encore loin, certes, des 50 000 adhésions nécessaires au rachat, L’Après M en recensaient tout de même 1 200 en fin d’une après midi placée sous la bannière de la solidarité et de la détermination.