A la Rem, en marche sur la tête
Le « en même temps » cher à Emmanuel Macron commence à faire tourner en bourriques les élus et militants de la République en marche en Paca ! Ils ont d’abord assisté à la zizanie chez Les Républicains suite à l’annonce du premier ministre, le 2 mai, du retrait de Sophie Cluzel, leur candidate aux régionales, au profit de Renaud Muselier, le président LR sortant de la Région. Puis l’annonce de la secrétaire d’État de finalement repartir dans la bataille, cinq jours plus tard, en a surpris plus d’un. [Mise à jour le 14 mai : in fine, Sophie Cluzel, écartée des listes Muselier, ainsi que tous les parlementaires LREM, a renoncé à présenter une liste aux régionales en Paca et soutient le président LR sortant, candidat à sa réélection. Lequel a également exclu les parlementaires LR et ouvert ses listes à des cadres et militants LREM] « Quoi qu’il se passe, désormais tout est foiré, on s’est discrédité », grimace une cadre LREM du Var.
« S’il y a une mauvaise image, c’est le fait de l’appareil des Républicains, pas du nôtre, martèle cependant Bertrand Mas-Fraissinet, le référent du parti présidentiel dans les Bouches-du-Rhône. Notre posture depuis le début, comme notre ADN, c’est l’ouverture et le rassemblement des gens de bonne volonté. Donc le dépassement des partis. Si Renaud Muselier a su saisir la main tendue, LR prend une pente sectaire. » Des éléments de langage qui cachent mal les propres difficultés des marcheurs en Paca pour les régionales comme pour les départementales. « C’est vrai que l’alliance avec Muselier [était] positive parce qu’on [n’avait] pas réussit à construire quelque chose chez nous », reconnaissait avant le revirement de Sophie Cluzel un communiquant LREM du « 13 ». « Son premier meeting régional en visio mi avril affichait à peine 160 personnes, elle avait laissé le compteur, raille un partenaire de la “Maison Commune”, le regroupement de toutes les sensibilités d’En Marche !. Elle est nulle ! »
Les malheurs de Sophie
Si Sophie Cluzel ne faisait pas se lever les foules, l’accord voulu par le président de la République au nom d’une recomposition politique à droite avait reçu à peu près le même accueil. « De ce que j’ai vu sur les réseaux sociaux, il n’y a pas un grand enthousiasme », notait Gérard Blanc, l’ancien coordinateur d’une éphémère Team Marseille, après l’annonce. D’autres, comme le député de Marseille Saïd Ahamada, partisan d’une candidature LREM, s’étaient résolus à défendre la décision présidentielle d’alliance au nom d’un très officiel « principe de réalité de la dynamique et du risque RN ».
L’alliance avait même été condamnée au niveau national par l’aile gauche du parti, Territoire et progrès et En Commun. Référent du premier mouvement dans le Var, François Volpi a lui carrément quitté le parti présidentiel. « Je peux comprendre la stratégie du parti vis-à-vis du risque RN, mais pas de cette manière, sans accord programmatique, juste sur une négociation d’appareil », expliquait avant le nouveau revirement le collaborateur parlementaire de Valérie Gomez-Bassac, la députée LREM de Brignoles. Le virage à 180 degrés de Sophie Cluzel, une fois de plus à la demande d’Emmanuel Macron et de son premier ministre, n’a pas apporté plus de clarté à la confusion. D’autant que ça grince toujours en privé chez les élus (Cf Marsactu, le 07/05). Les parlementaires n’ont par exemple pas plus été consultés avant le revirement de la secrétaire d’État qu’ils ne l’avaient été sur l’accord avec Renaud Muselier. Ils ne devraient d’ailleurs pas figurer sur les listes…
Mauvaises fréquentations
Autre point d’achoppement, les mauvaises fréquentations de Sophie Cluzel et du président de la République en Paca, Christian Estrosi et Hubert Falco en tête, qui ont finalement quitté LR tout en restant fidèles à Renaud Muselier. Les fleurs envoyées au maire de Toulon par la candidate LREM en début de campagne, alors que les municipales ont été particulièrement violentes dans la métropole varoise, ont exaspéré plus d’un militant local. « La droite azuréenne est affairiste et flirte avec l’extrême-droite. Hubert Falco se comporte en autocrate dans le Var et le territoire en souffre », dénonce François Volpi.
Pire : alors qu’il défend l’union au niveau régional, le patron de la droite varoise a refusé toute entente au niveau de son département ! « Même sur les cantons où il y a un risque RN, il n’y pas eu d’accord possible », s’énerve Cécile Muschotti. La députée de Toulon assure qu’en représailles LREM et ses partenaires présentent des candidats dans tous les cantons du département, sauf dans ceux où la menace de l’extrême droite est réelle. Résultat, « Sophie Cluzel semble solitaire », constate désormais une de ses collègues de la région, qui prédit un fiasco le 20 juin.
Manu rêva
Les départementales ne devraient pas être plus glorieuses pour LREM. Dans les Bouches-du-Rhône la « Maison commune » ne présente ainsi des candidats que dans neuf cantons. Balayant les accusations d’entente cordiale avec Martine Vassal, la présidente LR sortante du Conseil départemental, Bertrand Mas-Fraissinet reconnaît uniquement « un problème d’implantation ». « On a gelé les cantons sur lesquels il y a un risque RN, mais on s’est surtout concentré sur les territoires où nous avons un électorat, comme sur Aix-en-Provence », explique l’ancien socialiste.
« Nos enjeux sont nationaux, européens, commente notre discret communiquant LREM cité en début d’article. Localement, on a donc besoin de types comme Muselier qui sont compatibles et très bien implantés. » « Quand on est organisé autour d’un homme, on a évidemment des difficultés au niveau local. Mais est-ce que l’on a besoin du local pour exister nationalement ? », interroge aussi son camarade Gérard Blanc. Et d’insister : « La pression est sur LR parce que l’enjeu c’est le macronisme. » Surtout la réélection de son principal représentant.