Moi, Pamela Anderson, alerte sur La Canebière
Crinière blonde peroxydée et maillot de bain rouge mettant en valeur sa poitrine généreusement siliconée, Pamela Anderson égérie télé américaine des années 90 (1) fait les cent pas sur la Canebière. Sa bouée de sauvetage à la main, elle semble perdue. Je crois que le chauffeur de mon « hot soccer boy-friend » (2) m’a déposée au mauvais endroit. « Sorry i am looking for the Catalans beach ? », demande- t- elle à un passant. Il lui répond : « Vé, tu tournes here, puis here et tu vas tout go, ma cagole ! Mais je t’ai pas déjà vue quelque part ? ». Pamela sourit et presse le pas, c’est son premier jour de Maîtresse- nageuse-sauveteuse bénévole et elle est en retard.
Adil (Rami) est en Russie pour la Coupe du monde (3) et j’avoue que passer un mois avec des jeunettes dont les époux ont connu leurs premiers émois en pensant à mes seins, ça me gène. J’ai préféré rester à Marseille et donner un coup de main sur les plages. « Je n’ai pas d’équipe de management. Je suis « ingérable » comme « lls » disent. Je marche à mon propre rythme. Je suis mon intuition, mes instincts. Je vais où j’ai besoin d’aller. Je n’attends pas qu’on me demande ou qu’on m’invite. Je fais simplement ce qui me semble juste. » (4)
Adil avait six ans lors du premier épisode d’Alerte à Malibu ! « Pour lui, je suis un peu un Alien. Il me dit : « Allez, tu n’as pas 50 ans, tu en as 30 ! Montre-moi ton permis de conduire, c’est impossible » » (5). Dans votre pays, « je ferais une très bonne Première dame » (6), mais Adil l’a mal pris lorsque je lui ai dit que « si je devais choisir un dirigeant international, ce serait Julian Assange » (6). Il connaît mon amitié pour cet homme qui « possède un courage rare […]. Sa mission est simple : libérer le monde en l’éduquant, quitte à dévoiler des informations compromettantes. Il a tout sacrifié pour cela ! […] Je crois en son message et je ferai tout pour le soutenir et soutenir WikiLeaks car c’est aujourd’hui l’un des seuls vecteurs de vérité dans le monde ! » (5)
Eh oui ! Elle vous en bouche un coin la Bimbo ! « J’ai toujours été très active politiquement et engagée dans le monde. Pour les animaux et ceux qui souffrent injustement. Sans voix pour se défendre » (6). Je n’ai pas hésité à aller au Sénat pour soutenir l’interdiction du gavage des oies et des canards car « le foie gras n’est pas un produit sain et n’a pas sa place dans une société civilisée » (8) Sur ce coup-là je crois que j’ai « gavé » vos politiques ! (rire) Jean-Claude Requier, sénateur (RDSE) du Lot ne m’a pas épargnée : « Elle est contre le gavage, moi je suis contre le silicone et contre le botox. Ce botox qui, injecté dans les rides, ne finit pas dans le foie mais dans le cerveau. » Je me bats aussi contre la Corrida (4) et je crois qu’en Paca j’ai de quoi faire jusqu’à ma retraite !
« Je suis philanthrope à plein temps » (6). Je me suis rendue aussi dans les camps de migrants à Calais, l’an dernier : « Risquer autant pour une vie meilleure. Ce sont tous des héros. Et nous devons faire notre part pour les aider ! » (6) C’est dans la Vallée de La Roya que je devrais aller vivre, est-ce que quelqu’un peut me dire si Cédric Herrou est un cœur à prendre ?
Mais non, je plaisante, je l’aime mon Adil « Je lui ai dit : « Un jour, je serai vraiment diminuée, tu le sais ? Il faut que tu y sois préparé. Vivons notre amour autant que nous le pouvons et si un jour, tu me regardes avec dégoût, je pourrai toujours partir et vivre dans un autre pays » » (5).Il a souri, mais je ne suis pas sûre qu’il ait tout compris. « Il ne parle pas bien l’Anglais, je ne parle pas bien le Français. Mais nous avons un langage commun, celui de l’amour. Notre relation va au-delà des mots. » (5) « Il se soucie de moi énormément. Nous avons une vie merveilleuse et simple, sans strass ni paillettes. » (5)
Oui bon d’accord, on a une maison à 3 millions d’euros sur la Corniche… mais il fallait bien qu’on se loge ! Adil a sorti le grand jeu… Pourtant je ne suis pas née avec une cuillère en argent dans la bouche. Un père alcoolique réparateur de fourneaux, une mère serveuse, une enfance modeste et une adolescence marquée par de nombreuses agressions sexuelles (9)… Je n’ai pas grandi dans du coton. « Toute personne ayant subi un traumatisme de cet ordre est forcément sensible à l’idée de justice sociale. Lorsque l’on est enfant, on ne comprend pas mais, aujourd’hui, j’en suis capable. Cela m’a rendue plus forte. » (10).
Le chef des maîtres nageurs, petit costaud et poilu, hurle dans son mégaphone à l’attention de ceux qui se jettent à la flotte par dizaines : « Ça ne sert à rien ! Pamela ne viendra pas tous vous sauver. Et si vous ne sortez pas de l’eau immédiatement c’est moi qui m’occupe du bouche à bouche ! » Ni une ni deux, tout le monde retrouve sa serviette, sauf un Insoumis, qui continue de nager et s’éloigne de plus en plus. Pamela regarde dans ses jumelles : Mais c’est mon Jean-Luc (Mélenchon) ! Elle saisit sa bouée rouge et se met à courir sur le sable, l’assistance masculine médusée n’a d’yeux que pour ses deux seins qui ballottent en slow-motion, comme à la belle époque d’Alerte à Malibu.
Tiens bon ! J’arrive mon Jean-Luc ! Force est de constater que si le maillot fait encore illusion, elle nage beaucoup moins bien que dans la série. Mais finit malgré tout par ramener Jean-Luc sur la rive laissant découvrir un magnifique slip de bain aux couleurs de l’OM duquel dépassent quelques algues. « J’ai mis toutes les chances de mon côté pour te séduire Ma Pam », lui lance un Jean-Luc énamouré. Pour toi je serais capable de bouffer le plancton par la racine ! » Elle lui caresse tendrement la joue. Je l’ai dit et je le répète, vous êtes « le meilleur de tous » (7) « Mister Mélenchon for president ! » (7). La tête coincée entre les seins de sa sirène, Jean-Luc lance un ultime : « Épouse-moi et faisons une sextape (11), mon insoumise ! » Pamela rit aux éclats. Parfois on me demande pourquoi je tiens tant à toi mon Jean-Luc : « J’ai toujours été celle à qui on amenait l’oiseau avec une aile cassée. Ou le chat éclopé. Toute ma vie, j’ai été entourée de marginaux. J’aime ceux qui paraissent les moins aimables. Ça fait partie de mon charme. » (6)
Portrait publié dans le Ravi n°164, daté Juillet-Août 2018