Le temps d’une grossesse ! Dans neuf mois, le 6 mai, le nom du nouveau président de la République – ou de la présidente ! – sera connu. Quatre semaines plus tard, d’autres élections détermineront la couleur politique de l’Assemblée nationale pour les cinq années à venir. Il est possible de douter des élus, de leur capacité à changer le cours de la vie, de leur détermination à tenir des promesses. Reste que la conjonction de ces deux scrutins va permettre de redistribuer les cartes du pouvoir. Avec la perspective d’élections municipales juste l’année suivante, rarement les électeurs auront eu autant de moyens de conforter, ou de sanctionner, une majorité. Les enjeux sont nationaux mais la bataille sera aussi locale. En Paca, les grandes man?uvres ont d’ailleurs d’ores et déjà commencé. Provence-Alpes-Côte d’Azur s’apprête à élire, ou réélire, 40 députés. A ce jour, la droite règne presque sans partage sur la région avec 34 parlementaires, tous UMP à l’exception de l’UDF Ruddy Salles (Alpes-Maritimes). Lors des législatives en 2002, la gauche avait été tout simplement éliminée des Alpes-Maritimes, du Var et du Vaucluse en perdant dix sièges. Le parti socialiste n’a gardé que deux élus dans les Bouches-du-Rhône, un dans les Alpes de Haute-Provence et un dans les Hautes-Alpes. Les deux seuls députés communistes siègent dans le 13. La région conservera-t-elle sa couleur bleu quasi-monochrome ? Au parti socialiste, le seul à ce jour à avoir déjà rendu officielle la liste de ses candidats, trois députés déchus vont tenter leur revanche. Michel Vauzelle est à nouveau partant dans la 16ème circonscription des Bouches-du-Rhône face à Roland Massain, le maire des Saintes-Maries de la Mer. Dans le Var, Odette Casanova bataillera contre Philippe Vitel (2ème). Enfin, André Aschieri, portera les couleurs du PS dans la 9ème circonscription des Alpes-Maritimes face à Michelle Tabarot. En « gelant » seulement sept circonscriptions au premier tour pour d’éventuels alliés – radicaux de gauche, PCF ou Verts – le PS laisse peu de place à ses anciens partenaires de la gauche plurielle. Mais les discussions restent ouvertes pour négocier des règles de désistement au second tour. Le PCF et les Verts, avant d’afficher des noms pour les législatives, devront clarifier leur stratégie lors des présidentielles. Le parti communiste va-t-il se lancer dans une candidature « solo » ou intégrer un pôle anti-libéral regroupant les acteurs des collectifs pour le non au référendum sur l’Europe ? En toutes circonstances, le PCF aura grand mal à retrouver en Paca la place qui fut autrefois la sienne. Chez les Verts, un éventuel rapprochement programmatique avec Nicolas Hulot ou Corinne Lepage, peut-il se prolonger par des alliances écologistes aux législatives ? Exception faite du cas Aschieri, aujourd’hui étiqueté PS, le parti de Dominique Voynet semble condamné à faire de la figuration dans la région lors des législatives. Au sein de la nébuleuse de la gauche radicale, la LCR d’Olivier Besancenot, hésite entre trois options : des listes autonomes, un partenariat avec Lutte ouvrière d’Arlette Laguiller, ou des candidatures fédérant les gauches du « non ». Mais traditionnellement, les deux partis trotskystes réalisent en Paca des scores inférieurs à leur moyenne nationale… A droite, la situation est en apparence plus simple. La commission d’investiture de l’UMP, présidée par Jean-Claude Gaudin, va désigner le 4 novembre les candidats aux législatives. En Paca, presque tous les sortants devraient être reconduits. Compte tenu des sévères revers électoraux lors des dernières élections régionales, même en cas de victoire aux présidentielles, réitérer la performance de 2002 serait un bel exploit. Le 29 octobre, l’UDF aura, elle aussi, indiqué le nom de ses candidats avec pour ambition, à ce jour, de se présenter dans toutes les circonscriptions lors du premier tour – une première dans l’histoire du parti centriste ! Reste à savoir si les élus locaux du parti de Bayrou, accoutumés à co-gérer les affaires dans les mairies, les Conseils généraux et le Conseil régional, sauront résister aux pressions « amicales » de leur puissant partenaire. L’UMP reproche à la stratégie du président de l’UDF de faire le jeu du FN, notamment dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Les centristes rétorquent qu’ils pourraient se désister dès le 1er tour dans les circonscriptions menacées par l’extrême droite. En 2002, le maire d’Orange, Jacques Bompard, aujourd’hui rallié à Philippe de Villiers, n’avait pas réussi à se faire réélire député. Même dans l’hypothèse de listes communes FN-MNR (NDLR : le groupuscule de Bruno Mégret), l’Assemblée nationale ne semble pas à la portée de l’extrême droite. Mais le pouvoir de nuisance du Front national, notamment lors de triangulaires, n’est pas à sous-estimer dans une région où plus de 600 000 électeurs (27,69 % des suffrages) ont voté Jean-Marie Le Pen le 7 mai 2002. Le résultat des Présidentielles va bien entendu énormément conditionner la dynamique des futures législatives. Les postulants socialistes à la candidature ont du 28 septembre au 3 octobre pour se déclarer. Le PS fera officiellement son choix le 26 novembre. Un débat où les « locaux » jouent aussi pleinement leur place : Jean-Louis Bianco, président du Conseil général des Alpes de Haute-Provence, est l’un des trois porte parole de Ségolène Royal. Eugène Caselli, premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, est à la tête du « Conseil politique » créé par la favorite des sondages. Le marseillais Patrick Mennucci organise déjà tous ses déplacements… Dans la maison d’en face, Jean-Claude Gaudin, N°2 de l’UMP, martèle sa préférence pour Nicolas Sarkozy dont l’investiture sera probablement confirmée en janvier. A l’image d’un Christian Estrosi, ministre et président du Conseil général des Alpes-Maritimes, nombreux sont ceux qui misent en Paca sur un succès du ministre de l’Intérieur. En toute logique, les électeurs doteront d’une majorité le président qu’ils auront élu. Reste à savoir qui bénéficiera de cette dynamique et dans quelle proportion…