Un nombre parlant : 6500
Pour les uns, je suis un « attentat sanitaire », une « attitude égoïste et irresponsable », un « rassemblement inconscient ». Je suis pour les autres un grand bol d’air de liberté, une bacchanale irrésistible afin de déconfiner les revendications. Je suis la foule anonyme, venue bien au-delà de Marseille, de la 21ème édition du carnaval indépendant de la Plaine.
Je suis, selon la police, qui pour une fois compte large, 6 500 personnes, autant de petassous bariolés ayant chanté tout un dimanche, le 21 mars, sous un soleil printanier insolent. Et bien dansez maintenant ! J’ai donné lieu à neuf interpellations, plusieurs dizaines de verbalisation, des plaintes pour « dégradations » déposées par la ville, la métropole et la Soleam, l’aménageur contesté de la place Jean Jaurès.
J’ai été suivi par la comparution immédiate de cinq carnavaliers pour « dégradations et jets de projectiles sur policiers », dont une relaxe et des condamnations à de la prison avec sursis. Je suis maintenant le motif de deux enquêtes pour « dégradations » et pour « organisation de manifestation sans déclaration préalable » d’un événement… sans organisateurs. Dix membres de l’association La Plaine sans frontières ont été interrogés « en audition libre » par la police. Je suis tout un carnaval.