Le Lion, la Rose et les Merguez
Les plus petit.e.s, quand ils sont nombreux.euses et patient.e.s, doivent être redouté.e.s : le Lion et la Rose auraient dû s’en douter mais ont préféré rester muet.te.s.
Le printemps bourgeonne en Macromanie, pourtant les barbecues ne sont pas allumés (lectrice, lecteur, lit la note 1 en bas de ce texte pour comprendre le sens caché de cette métaphore et celles qui suivent, Ndlr). Les voitures roulent, les avions volent, le fric circule et tout le monde travaille mais la charculture reste au frigo. Effectivement, un vilain tigre terrifie les habitants. « Il faudra bien se résoudre à l’enfourcher » a déclaré le Lion, roi de ce pays.
Contraintes de se cloîtrer dans leur barquette, les saucisses sont tristes, elles sont dites non-essentielles. Inquiètes, elles demandent à la Rose « quand repasserons-nous sur le grill ? ». Mais la Rose, trop occupée à se pavaner sur les plateaux-télé, ne s’intéresse guère à cette affaire. Elle étale ses pétales, camoufle ses épines : ô Roselyne, Roselyne, n’essaye pas d’étouffer le crissement des saucisses qui ne demandent qu’à griller !
Bien conscientes que le nombre fait la force et que le secret d’un bon barbecue est la convivialité, les Merguez, 13 organisées, décident de répondre à l’appel des Jambons de Paris. À cette invitation s’est joint l’ensemble de la charculture de Macromanie : les cervelas de Lyon, les saucisses de Morteau, de Montbéliard et de Strasbourg, les boudins, les godivots, les saucissons à l’ail, les rillettes du Mans, les pâtés bretons, les andouillettes, les chipolatas, bref ! La charculture décide fermement d’occuper les barbecues.
Aujourd’hui, quatre-vingt feux sont prêts à s’allumer (les figatelles, qui crissent si fort d’habitude, on les attend toujours). En cherchant à rendre la charculture silencieuse, docile et résiliente, le Lion et la Rose ont allumé le brasier des grillades. La charculture a décidé de faire tâche d’huile, et si on ne l’écoute pas, la Macromanie pataugera dans sa graisse. Elle exige le retour sur les planchas à condition de choisir l’assaisonnement. Elle revendique plus de dix condiments en commençant par une disponibilité en VRAC (Virez la réforme de l’assurance chômage !).
De son côté, la Rose juge les barbecues inutiles et dangereux : « cela pourrait attirer le tigre ! », s’écrit-elle, apeurée. Elle préfère donc décorer une saucisse de variété aux chansons périmées et à la peau liftée. Mais telle est prise qui croyait prendre, le tigre choisit la Rose pour cible. Zut, encore raté ! Elle était tant attendue aux barbecues…
Sachez, madame la Rose, monsieur le Lion, que notre désir de retrouver les feux de la rampe est intarissable. Et comme diraient nos voisins les chorizos, « Hasta la péremption siempre ! ».
Cordialement, les Merguez 13 organisées
1. Au début du mouvement d’occupation de la Criée, il a été demandé par la direction du Centre dramatique national aux occupant.e.s de « ne pas créer une atmosphère merguez et tentes Ushuaïa ». Amusé.e.s par ces deux termes et fièr.e.s de notre culture populaire et militante, nous – les occupant.e.s de la Criée – avons décidé de nous surnommer : les Merguez 13 organisées.
Pour joindre, soutenir et/ou débattre avec les occupant.e.s de la Criée :
Un mail : occupationlacriee2021@protonmail.com
Un compte Instagram : https://www.instagram.com/ouverturesssentielles.paca/
Et des rendez-vous réguliers, sur place, 30 quai de Rive Neuve (13007) où tout le monde est bienvenue :
– « La criée de la criée« . Chacun.e peut prendre la parole s’il en a envie ou proposer une forme, ou de lire, de chanter, de danser… Sur le parvis du théâtre les mercredi et dimanche à 14h30.
– Les Assemblées générales quotidiennes . Dans la Criée, tous les jours de la semaine à 16 h00 excepté le lundi, où l’assemblée générale se tient à 17h00 en commun avec les occupant.e.s du Merlan/ZEF.